Le HMS Beagle

Le HMS Beagle devant Fort Macquarie (Sydney, Australie) peint en 1841 par le Cpt. Owen Stanley.


Construction et premiers usages militaires

Le HMS Beagle fut construit au chantier naval de Woolwich, sur la Tamise, dont il sortit le 11 mai 1820. C'était à l'origine un brick, navire à deux mâts, aussi considéré comme un brigantin de classe Cherokee.

Ses dimensions étaient alors les suivantes : 28,6 mètres de long. 7,2 mètres de large. Un tirant d'eau évalué entre 2,3 - 2,87 mètres et de 3,8 mètres en charge. Il est estimé à 242 tonnes de déplacement et jauge 350 tonnes. Les tonnes de déplacement correspondent à la force physique de poussée d'Archimède exercée par un bateau flottant à vide, il s'agit d'un poids de volume d'eau. Il ne faut donc pas confondre ce poids avec la jauge, capacité de transport du navire.

La classe Cherokee correspond à une classe de brick-sloops que la Royal Navy conçoit initialement pour améliorer sa présence militaire sur toutes les mers. Le HMS Beagle est le 45ème navire sur une commande initiale de 115 bâtiments (11 annulations). Ces bricks à deux mâts sont alors dotés de 10 canons à leur bord. Gréés de voiles carrées, leur capacité de manœuvre sous voile est très appréciée et doit leur assurer une bonne célérité pour assurer leurs missions militaires

Mais les classes Cherokee ont aussi des défauts, notamment en raison de leur coque "ronde". Ce voilier n'est pas un quillard, et sa résistance aux chavirages est limitée. Par forte tempête, il embarque de l'eau. En résumé, ce sont des navires rapides perdant hélas en stabilité sous les roulis. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la moitié de cette classe de navires ait été perdue lors de naufrages par mauvais temps ! A tel point que la classe Cherokee avait mauvaise réputation auprès des marins.

En juillet 1821, le HMS Beagle prit part à la célébration du couronnement du roi Georges IV. Après cinq années de service militaire sans utilité particulière, il est réhabilité, lui et trente autres navires classes Cherokee. Quelques détails sont connus à ce sujet : dix navires sont réaffectés en ravitailleurs et six sont reconvertis en navires du Service hydrographique du Bureau du Commerce de la Royal Navy. Ce second cas concerne le HMS Beagle.


Le HMS Beagle aux Galapagos - John Chancellor


Des travaux de réaffectation du HMS Beagle en 1825

Pour sa réaffectation, le HMS Beagle va subir en 1825 des modifications. Il accoste à Woolwich pour réparations et travaux de réhabilitation. On réduit son artillerie de 10 à 6 canons, et il est reconverti en "trois mâts barque". Ce qui signifie qu'un troisième mât est rajouté au brigantin. Le mât principal est également reculé, ce qui améliore son centrage. Sa carène est modifiée, les planches abîmées retirées. Il est élargi, et reçoit un bastingage qui entoure le pont de manœuvre pour le protéger des vagues.

A priori, toutes ces modifications ont aussi un effet positif sur la tenue en mer du HMS Beagle. Mais sa coque est alourdie, ce qui complique sa manœuvrabilité par vent faible. Le tirant d'air est assez élevé et au mouillage, il doit être sensible au roulis. Le capitaine FitzRoy, par la suite, fit réduire les sabords pour éviter que ces orifices n'aident le navire à chavirer. En marin avisé, il n'eut de cesse d'améliorer son navire et son équipement. Mais pour Charles Darwin, sensible au mal de mer, le HMS Beagle demeura une terrible épreuve tout au long du voyage.

C'est aussi en 1825 qu'une « chambre des cartes » est rajoutée à la dunette (se trouvant à l'arrière d'un navire). Ce sera ultérieurement la cabine de Darwin. A tribord, une cabine est aménagée pour l'assistant hydrographe. A bâbord, un magasin avec une coursive qui mène aux "toilettes" des officiers.

Réaménagements de 1831 avant le second voyage du HMS Beagle

De retour de son premier voyage d'exploration (1826-1830), le HMS Beagle avait besoin d'un nouveau pont et de nombreuses réparations. Le capitaine FitzRoy obtint l'autorisation de faire élever le pont supérieur, ce qui se révéla par la suite fort judicieux durant le second voyage. Le revêtement du fond du navire fut renforcé, deux pouces de sapin recouverts de feutre, puis de cuivre. Le navire gagna ainsi sept tonnes, pesant environ 242 tonnes au total.

Le capitaine FitzRoy osa la modernité : il fit mettre un gouvernail selon le modèle du capitaine Lihou, des poêles Frazer équipent les quartiers d'équipage, les mâts sont dotés de paratonnerres Harris …

En bon marin, il commande des cordages, voiles et espars de première qualité et fait livrer six embarcations annexes (dont deux sont des ajouts privés du capitaine) pour rajouter à celle déjà présente sur navire; ces six embarcations furent d'ailleurs spécialement construites pour ce second voyage.

Mais tous ces travaux prennent du retard. La première fois que Darwin visita le HMS Beagle, il est encore en cale sèche. En octobre, les travaux d'aménagement des nouvelles cabines et de peinture extérieure ne sont pas finies. Le 12 novembre 1831, les travaux sur le HMS Beagle sont enfin achevés ! La dernière couche de peinture peut commencer à sécher en cette agréable journée, les derniers outils de menuisier sont rangés. La « chambre des cartes » de la dunette, entièrement débarrassée et prête à aménager, lui semblait alors bien plus spacieuse et confortable.




Billets techniques complémentaires sur le HMS Beagle :




Réplique grandeur nature du HMS Beagle (2016) par le Museo Nao Victoria à Punta Arenas (Chili). 


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