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Affichage des articles du mars, 2023

[1832] Escale à l'archipel des Abrolhos

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La mission officielle de cartographie du HMS Beagle comprenait l'exploration de l'archipel des Abrolhos, un ensemble de récifs coralliens situés au large du Brésil, dans l'océan Atlantique. Le Capitaine FitzRoy avait reçu de l'Amirauté l'instruction de confirmer la position géographique précise de cet archipel, ainsi que d'effectuer des sondages sur la profondeur et la position de hauts-fonds susceptibles d'entraver la navigation. Ce n'étaient pas les premiers relevés précis effectués pour cet archipel, connu depuis le XVIème siècle. Mais ceux réalisés en 1819 par le vice-amiral baron Roussin de la marine française étaient fort incomplets et nécessitaient d'être achevés. Ce fut aussi, durant l'escale des 27 et 28 mars 1832, l'occasion pour Darwin d'y mener la première exploration naturaliste connue. Etonnant d'ailleurs que rien n'ait été entrepris dans ce sens durant l'expédition du baron Roussin. L'Archipel des Abrolhos

[1832] Le naturaliste et le squale

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Du 19 au 26 mars 1832, le HMS Beagle vogue depuis Salvador de Bahia jusqu'à l'archipel des Abrolhos. Durant cette traversée, le 20 mars 1832, Darwin observe une trombe marine, phénomène météorologique de colonne d'air mélangé d'eau en rotation. «  Quand de telles menaces s'approchent d'un navire, il est d'usage de tirer un grand coup de canon pour les disloquer  ». Charles Darwin, Journal de Bord . Un gros requin suit le sillage du navire. Est-il appâté par les déchets organiques de l'équipage jetés par dessus-bord ? Toujours est-il que les marins du Beagle ne comptent pas laisser passer cette occasion d'améliorer leur ordinaire. Comme toujours dans la marine du XIXème siècle, l'approvisionnement en vivres fraîches fait l'objet d'un opportunisme de tout instant. Le squale est harponné mais parvient à s'échapper. Les marins lancent un appât pour le faire revenir. Le requin se présente de nouveau. Ferré par un marin, il brise l'ham

Darwin souffrait-il d’une maladie génétique mitochondriale ?

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Toute sa vie, Charles Darwin a souffert de symptômes invalidants. Dès ses études de médecine à l'Université d’Édimbourg, il se plaint d'états nauséeux et de vomissements excessifs dès lors qu'il est choqué par les cours de chirurgie. A Cambridge, il se couvre régulièrement de plaques d'eczéma et connaît deux épisodes incapacitants de fatigue extrême. Ses maux de tête sont également fréquents et il souffre occasionnellement de palpitations cardiaques. Alors que ses symptômes rejaillissent fin 1831 à Plymouth, il redoute de consulter un médecin ou de demander l'avis de son père, le Dr. Robert Darwin, de peur qu'ils ne lui déconseillent de rejoindre l'expédition du Beagle . Mais hélas pour lui, à bord du HMS Beagle , son mal de mer est parfois si violent qu'il dépasse l'inconfort nauséeux. Il est obligé à plusieurs reprises de rester dans son hamac ou de s'allonger à même le sol de sa cabine pendant de longs jours de souffrance. Lors de son séjour a

[1832] Darwin et le Diodon

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Toujours à Bahia, Darwin achève sa convalescence forcée par une observation originale pour un naturaliste anglais de cette époque un Diodon tacheté ( Chilomycterus antennatus ). Alors qu'il est immobilisé suite à une malheureuse blessure enflée au genou, Darwin prend son mal en patience. Il profite des visites du Capitaine Paget et attend qu'enfin sa jambe lui permette de retourner explorer les environs. L'équipage n'oublie pas de distraire le jeune naturaliste avec une prise des plus originales. Diodon - Everman et al.. (1902) Fishes of Porto Rico, BUSFC, v.20, pt.1 Un jour qu'ils capturent un curieux poisson sphérique, il s'empressent de jouer au ballon avec ce vertébré. Darwin s'extasie pour sa part devant la biologie stupéfiante de ce poisson : «  Je m'amuse beaucoup un jour à étudier les habitudes d'un Diodon antennatus qu'on avait pris près de la côte  » Charles Darwin,  Voyage d'un naturaliste autour du monde . Darwin connait fort bien

[1832] Le craton de Salvador de Bahia

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Durant son séjour à Salvador de Bahia, Darwin profite de l'escale du HMS Beagle pour examiner les roches alentours. Dans ses notes manuscrites tirées de son  Journal et notes géologiques , il rapporte la détermination sur le terrain d'un socle de gneiss, une roche métamorphique, entrecoupé d'inclusions granitiques et d'autres roches métamorphiques riches en hornblende. Il note aussi la présence de roche magmatique à phénocristaux, qu'il décrit comme étant de la pegmatite. Affleurement de gneiss dans le secteur de Piritiva, province brésilienne de Bahia. Crédits photos : Elson Paiva de Oliveira (licence CC) En 1846 lorsqu'il publie ses  Observations géologiques sur l'Amérique du Sud , Darwin reprend la plupart de ses observations géologiques faites entre le 29 février et le 17 mars 1832 pour décrire la géologie de Salvador de Bahia. Il y détaille la présence d'intrusions de roches à minéraux verts (chlorites) dans le gneiss lité, mais aussi des dykes de

[1832] La luxuriante forêt tropicale de Bahia

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«  Le ravissement que l'on éprouve en de tels moments éblouit l'esprit  ». Ce sont par ces mots écrits dans son Journal de Bord que Darwin résume son arrivée à Salvador de Bahia, le 28 février 1832. Le jeune naturaliste qui rêve de paysages tropicaux depuis plusieurs années n'en finit pas de s'émerveiller devant cette nature luxuriante. «  Si l'oeil tente de suivre le vol d'un papillon éclatant, il est attiré par quelque arbre ou quelque fruit inconnu ; si l'on observe un insecte, on l'oublie à la vue de la fleur plus étrange encore sur laquelle il se meut  ». Fortement inspiré par les descriptions de Humboldt «  Pour l'instant je ne suis capable que de lire Humboldt  », le jeune Darwin entame son séjour à Bahia sous l'influence du grand naturaliste et aventurier allemand. «  Comme un autre soleil, il illumine tout ce que je vois  ». Forêt vierge au bord du Rio Bonito, Brésil, gravure de Charles de Clarac (1819) Dès le 29 février, Darwin peut déb

[1832] L' agroforesterie tropicale brésilienne et Darwin

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Le 5 mars 1832, Darwin et l'aspirant King visitent plusieurs exploitations autour de Bahia. La diversité des plantes domestiques tropicales, associée à une entomofaune remarquables, vont immédiatement attirer l'attention du jeune naturaliste. «  L'une des grandes supériorités que possède le paysage tropical sur celui de l'Europe est son caractère sauvage, lors même qu'il s'agit d'un sol cultivé  » Charles Darwin, Journal de Bord . Darwin est fasciné par les arbres fruitiers associés aux cultures maraîchères tropicales. Gourmand de fruits tropicaux, il note avec plaisir la polyculture sur ces parcelles de cocotiers, de bananiers, de plantains, d'orangers, et de papayers entourant les rangées de maïs, d'igname et de manioc. «  Le fait de savoir que tout contribue à la subsistance des hommes accroît beaucoup le plaisir de contempler cette sorte de panorama  ». Charles Darwin, op. cit . Les parcelles que les deux jeunes gens visitent en cette chaude jo

[1832] Carnaval à Salvador de Bahia

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 Le 4 mars 1832, c'est Carnaval à Salvador de Bahia ! Darwin, accompagné de Wickham et Sullivan, décident de se mêler aux réjouissances. Notre jeune naturaliste nous livre ainsi dans son Journal de Bord quelques détails sur cette fête d'origine portugaise. Mais pour autant, si le carnaval tire ses origines au XVIème siècle des premiers colons européens, il s'inspira très vite des danses d'esclaves arrachés à leurs foyers africains. Dès les années 1700, le Carnaval au Brésil se résuma à la pratique portugaise de l'e ntrudo . Les festivités consistaient à déambuler en foule dans les rues, la population jouait à s'asperger d'eau ou de farine, parfois d'autres liquides ou pour les moins chanceux, de boue ou d'excréments ! On utilisait aussi des boules de cire comme projectiles. Entrudo à Rio de Janeiro. Gravure colorisée (XIXème). Dans son Journal de Bord , Darwin note qu'à Salvador de Bahia, les réjouissances consistent à se faire bombarder d'e

Darwin et l'Empereur Pierre II du Brésil

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Les critiques sociales de Darwin font aussi écho à la misère qui remplit les rues de Bahia. En ce début de XIXème siècle, les promesses d'un eldorado brésilien attirent encore les migrants. Après avoir accédé à l'indépendance, le Brésil peine à sortir définitivement du giron du Portugal. De l'instabilité politique nationale est né l'Empire brésilien, incarné par la figure de l'Empereur Pierre 1er. Mais ce dernier abdique le 7 avril 1831 pour revendiquer le titre de Roi du Portugal, et engage ses forces dans une terrible guerre civile, dont il triompha en mai 1834. Il finit par mourir de la tuberculose en 1834. Le trône revint à son fils Pierre II, alors âgé de 5 ans, trop jeune pour gouverner. Durant le voyage de Darwin au Brésil, une régence est alors en charge du trône impérial, dans l'attente de la majorité du nouvel Empereur du Brésil. L’acteur Selton Mello dans le rôle de l’empereur Pierre II (Photo : capture d’écran TV Globo) L'Empereur Pierre 1er avai

Darwin, un observateur social au regard critique contre l'esclavage (1/2)

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Le 28 février 1832, le HMS Beagle achève sa traversée de l'Atlantique et arrive à Salvador de Bahia. Cette escale dans le second voyage du Beagle n'est pas seulement l'accomplissement d'un rêve naturaliste tropical pour le jeune Darwin, mais également une étape essentielle durant laquelle ses talents d'observateur le poussent à adopter un regard sociologique sur ses contemporains. Darwin, naturaliste sociologue de son époque ? Il semblerait que cet aspect du célèbre savant anglais ait été trop souvent occulté, alors que dès son séjour au Cap-Vert, le jeune homme s'intéresse autant à la Nature qu'aux Hommes qui l'habitent. Salvador de Bahia - gravure du XIXème siècle. «  Le ravissement que l'on éprouve en de tels moments éblouit l'esprit  ». C'est en ces mots que Charles Darwin décrit dans son Journal de Bord son arrivée à Salvador de Bahia, le 28 février 1832. Si, durant ces premiers jours de contemplation de la luxuriante végétation tropica