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Affichage des articles du mai, 2023

Darwin et le Livre des Couleurs

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Pour rédiger ses descriptions naturalistes, Darwin emploie un champ lexical des couleurs particulièrement varié et précis. Son secret ? Il possède à bord du Beagle un ouvrage de référence pour les teintes de couleur : la Nomenclature des couleurs de Werner . Cet ancêtre du nuancier Pantone n'était pas qu'un simple ouvrage de teintes de couleurs. Mieux que cela, il s'agissait d'un livre détaillé de chaque nuance de couleurs utilisable pour les scientifiques, naturalistes et anthropologues du XIXème siècle. «  Je n'ai jamais observé un tel ciel en Angleterre. La couleur était 'gris français' avec un peu de bleu Prussien. Le ciel au zénith était 'ultra-marine' et 'fleur de lin bleue'. Le baromètre a chuté ce matin. Mais dans la même période, la sécheresse de l'atmosphère a considérablement augmenté  » Notes Zoologiques , Charles Darwin. Son créateur Abraham Gottlob Werner était un minéralogiste de la fin du XVIIIème siècle qui souhaitai

[1832] Une visite au jardin botanique de Rio de Janeiro

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Le 27 mai 1832, Darwin visite le Jardin Botanique de Rio de Janeiro. Et il faut croire que le jeune naturaliste fut d'abord déçu par sa visite. «  Allé au Jardin Botanique, ce nom a dû lui être attribué plus par courtoisie que pour toute autre raison, car en réalité c'est uniquement un lieu de distraction  » Charles Darwin, Journal de Bord . Pire encore, Darwin était impatient de visiter les quelques acres d'arbre à thé ( Melaleuca alternifolia ) plantés dans le Jardin. Mais il n'y trouva que quelques arbustes insignifiants, dont les feuilles produisaient un très mauvais breuvage. Or pour un anglais, on ne plaisante pas avec le thé ! Heureusement, le Jardin Botanique de Rio de Janeiro alors ouvert au public depuis 1822 présente d'autres charmes auquel notre jeune naturaliste fut sensible. Déjà réputé pour ses travaux d'acclimatation des plantes tropicales, le Jardin permet d'admirer camphriers, sagoutiers, canneliers, girofliers et poivriers. Aussi dans son

[1832] A l'ascension du Corcovado, symbole brésilien des horreurs de l'esclavage

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Impossible de rater le Corcovado pour le voyageur arrivant à Rio de Janeiro ! Ce pic granitique, culminant à 710 mètres d'altitude et sur lequel se dresse l'impressionnante statue du Christ Rédempteur (1931), fut dès le XIXème siècle déjà un paysage tropical popularisé par les gravures d'époque. Aussi Darwin, dont la résidence brésilienne de Botafogo se situe trois kilomètres en contrebas du pic vertigineux, ne pouvait qu'être tenté par l'ascension du célèbre sommet. Le 25 mai 1832, il se lance donc dans cette excursion, accompagné de l'artiste-peintre Augustus Earle et de Derbyshire, le sous-lieutenant récemment déchargé à sa demande de ses fonctions à bord du HMS Beagle . L'excursion leur prend la journée entière. Un petit chemin quitte Botafogo et longe l'aqueduc qui alimente Rio en eau potable, puis serpente patiemment jusqu'au sommet du dôme granitique. L'ascension ne nécessite pas de compétences en alpinisme, Darwin note dans son Journal

Darwin et le Voyage du Commodore Anson

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Le 22 mai 1832, Darwin note dans son Journal de Bord : «  Je viens de finir le voyage d'Anson. Le plaisir que j'éprouve à lire de tels ouvrages est au moins triplé par le fait que je m'attends à voir certains des lieux décrits et que j'ai quelques connaissances de la mer  ». Il fait alors référence au " Voyage autour du monde " de George Anson, ouvrage fort célèbre au XIXème siècle qui relate la téméraire expédition autour du Monde que réalisa l'escadre placée sous les ordres du Commodore entre 1740 et 1744. Cet épisode aujourd'hui oublié de nos contemporains se déroule durant la fameuse Guerre de l'oreille de Jenkins (1739-1748). Ce conflit hispano-britannique débute par l'improbable casus belli de l'oreille du capitaine contrebandier anglais Jenkins, qu'un capitaine de vaisseau espagnol lui trancha. Ce prétexte dérisoire n'est qu'une excuse pour intervenir militairement face aux tensions commerciales entre la Grande-Bretagne

[1832] Darwin et la gourmandise des fruits tropicaux

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Le 23 mai 1832, Darwin prospecte les alentours de la baie de Botafogo, lieu de sa résidence brésilienne. Il en profite pour visiter des plantations de fruits tropicaux dont il raffole. «  Le sol ici étant débarrassé des cactus et buissons, les plantations d'ananas couvrent de nombreux acres. Ils sont cultivés en rangées droites, bien séparés les uns des autres  » C harles Darwin , Journal de Bord . L'agronomie faisait partie des centres d'intérêt scientifiques de Darwin, qui se pencha au cours de sa carrière scientifique aussi bien sur les bases de la sélection variétale en agriculture que sur la formation du sol. De plus, Darwin adorait les fruits tropicaux et méditerranéens. Dans son Journal de Bord , il relate avec délice les oranges, noix de coco, bananes ou ananas qu'il dévora avec gourmandise durant les étapes tropicales de son voyage autour du monde. A une époque où le transport réfrigéré de denrées alimentaires n'existe pas encore, les fruits tropicaux repré

[1832] L' Araignée de Darwin

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Durant les escales terrestres de son Voyage à bord du Beagle (1831-1836), Charles Darwin collecta une impressionnante collection d'Invertébrés. Les Archnides n'échappèrent pas à son attention. Parmi les spécimens ayant le plus marqué notre jeune naturaliste, les araignées du Brésil figurent en bonne position. Dans une lettre adressée à son cousin depuis la maison qu'il occupa le long de la Baie de Botafogo, Darwin écrivit : «  Je suis entièrement occupé par les Animaux terrestres, car la plage n'est que du sable; les Araignées et taxons proches m'ont peut-être le plus de plaisir de part leur originalité  ». Correspondance de Charles Darwin à William Darwin Fox, mai 1832 . Il faut croire que ce vif intérêt pour l'ordre des Araignées s'avéra payant, puisque Darwin captura deux spécimens d'un genre jusqu'ici inconnu des naturalistes de son époque. La Liste des Spécimens indique deux références pour ces araignées "relativement proches des Epeires

[1832] De la difficulté d'observer les oiseaux dans la jungle brésilienne

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La journée du 21 mai 1832 n'est pas exceptionnelle dans Journal de Bord de Charles Darwin, mais elle souligne le caractère encore sauvage du paysage de Rio de Janeiro en ce début de XIXème siècle. Notre jeune naturaliste reprend alors l'inventaire de la faune et de la flore brésilienne en tentant une approche à l'affût des oiseaux et animaux forestiers. Mais la litière du sol est parsemée d'un épais tapis de brindilles, qui rendent très bruyants chacun de ses pas. A défaut de matériel optique performant comme en utilisent les ornithologues contemporains, Darwin peine à réaliser ses observations ornithologiques à l'œil nu, ou au mieux avec des longues-vues marines de qualité plutôt médiocre. Au XIXème siècle, les naturalistes compensent ce manque de qualité optique par un prélèvement quasi-systématique des spécimens qu'ils étudient. Nous sommes alors à l'époque des naturalistes chasseurs, dont la représentation la plus connue demeure la figure de Jean-Jacque

[1832] Une petite maison à Botafogo

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Le 24 avril 1832, Darwin est de retour de son périple jusqu'à Macaé. Il regagne le Beagle et apprend que le chirurgien McCormick a quitté l'équipage. C'est certainement un grand soulagement pour Darwin, tant le médecin se présentait comme un rival frustré de n'avoir pu être nommé chirurgien-naturaliste officiel de l'expédition. Pour autant, la mission cartographique du Beagle se poursuit. Le capitaine FitzRoy explique lors du dîner du 27 avril qu'il existe une controverse au sujet de la longitude de Rio, que tout le monde pensait désormais close. Pourtant, le capitaine ne parvient pas à faire concorder ses mesures de longitude entre Rio et Bahia. Il veut donc en avoir le cœur net, pour qu'enfin le moindre doute soit définitivement levé parmi les cartographes. Afin de s'éviter une longue et ennuyeuse période en mer, Darwin négocie son séjour à terre. Cela tombe plutôt bien, l'artiste-peintre de l'expédition Augustus Earle est souffrant. Il doit re

Darwin et les Coléoptères

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Darwin avait une passion dévorante pour les Coléoptères. Au point même d'en lasser son entourage ! Et il faut bien reconnaître qu'en la matière, Charles ne faisait pas dans la démesure. Initié à la collection de Coléoptères par son cousin William Darwin Fox, alors que tous deux étaient étudiants au Christ's College , à l'Université de Cambridge, Darwin fut rapidement un « mordu ». Son cousin acheva ses études de théologie pour devenir un ministre du culte anglican, mais demeura un naturaliste passionné. Darwin, quant à lui, obtint son diplôme de théologie, mais se tourna plutôt vers les sciences naturelles. Pour autant, les deux cousins continuèrent d'échanger pendant des années autour de leur passion commune. Darwin et son cousin William Fox consacrèrent de nombreuses heures de temps libre à collecter des spécimens rares, ç'en était presque devenu une compétition entre eux. Pour autant, les deux jeunes gens n'étaient pas « cocheurs » acharnés d'espèces