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Affichage des articles du avril, 2023

[1833] Le mauvais temps contrarie les projets de Darwin

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Du 15 au 18 avril 1833, le HMS Beagle explore les golfes de San Mathias et de San José. Mais dès le 19 avril, le mauvais temps contrarie le projet de débarquer Darwin aux abord du Rio Negro. Notre jeune naturaliste devra donc attendre encore un peu avant d'étudier la géologie de la Pampa. La goélette louée aux îles Malouines continue pour sa part sa route vers Maldonado. Les deux Goélettes La Paz et La Liebre louées en septembre 1832 ne sont pas toujours pas au rendez-vous , mais un vaisseau de commerce croisé en route leur donne de bonnes nouvelles concernant la petite flottille. Réalisation : QGIS / OpenStreetMap / @Voyage_Darwin Le 20 avril 1833, le Beagle fait voile vers Maldonado. Les vents sont forts, et les vagues déferlent sur le brick-sloop. Et la météo ne s'annonce pas plus clémente les jours suivants ! A partir du dimanche 21 avril 1833, s'enchaînent 4 jours de vent fort et de temps orageux. Darwin rapporte à nouveau un phénomène de feu de Saint-Elme sur le

Darwin, un observateur social au regard critique contre l'esclavage (2/2)

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Pour attaquer l'œuvre, il suffit de discréditer l'auteur. Et Darwin n'échappe malheureusement pas à cette règle. Vilipendé par ses adversaires de son vivant, le personnage est encore de nos jours la cible de rumeurs et calomnies. Une d'entre-elles consiste à lire dans l' Origine des Espèces une prise de position pro-esclavagiste du célèbre naturaliste. Le scandale s'appuie sur un extrait du chapitre VIII dans lequel Darwin s'intéresse à deux espèces de fourmis esclavagistes : Formica rufescens et Formica sanguinea . La traduction française de l'édition définitive de 1876, réalisée par Edmond Barbier, en est en partie responsable. En abusant de superlatifs hasardeux, le traducteur a laissé le champ libre à de malhonnêtes interprétations. Mais comment conclure à une justification darwinienne de l'esclavage dès lors que le lecteur s'intéresse plus attentivement à l'œuvre du célèbre naturaliste ? Une maison d'esclaves au Brésil. Gravure col

[1832] De Rio de Janeiro à Macaé : récit d'un voyage aller et d'un retour (4/4)

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Les deux jours passés à Socêgo s'achèvent (17 et 18 avril 1832). Une fois de plus, Darwin met à profit ce temps libre pour étudier la luxuriante biodiversité de la forêt tropicale atlantique. «  Je restai la plupart du temps dans les bois et je réussis à rassembler un grand nombre d'insectes et de reptiles  ». Charles Darwin, Journal de Bord . Les lianes, plantes grimpantes herbacées très répandues en milieu tropical, envahissent littéralement les plus vieux palmiers. Darwin note également la profusion de palmistes, qu'il décrit comme des palmiers à bourgeon terminal tendre et comestible. Il s'agit des végétaux fournissant les fameux cœurs de palmier que nous pouvons acheter en bocaux dans nos épiceries modernes. Le premier pays producteur mondial est aujourd'hui le Brésil. Initialement à l'époque de Darwin, les espèces sauvages exploitées étaient Euterpe edulis (en danger critique d'extinction) et l'Açaï Euterpe oleracea . Ce sont probablement ces de

[1832] De Rio de Janeiro à Macaé : récit d'un voyage aller et d'un retour (3/4)

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Le 13 avril 1832, enfin remis de son indisposition des jours précédents, Darwin va pouvoir apprécier le confort des plantations brésiliennes. Point de vue que les esclaves de ces propriétaires terriens ne partageaient certainement pas. Darwin est toujours en convalescence à Socêgo, la demeure du senhôr Manuel Figuireda. Ce propriétaire terrien est le beau-père de Mr. Lawrie, un des compagnons de voyage de Darwin entre Rio de Janeiro et Macaé. Mais revenons durant quelques lignes sur ce Mr. Lawrie. Personnage assez détestable, ce marchand écossais est décrit par Darwin comme un être égoïste et sans scrupules. Marchand d'esclaves, il a aussi la fâcheuse réputation d'être un escroc. Afin de s'octroyer de belles situations, lui et son frère ont intrigué au sein de la bonne société pour épouser les filles de riches propriétaires brésiliens. Une fazanda brésilienne. Gravure colorisée du XIXème. La fazanda , grande propriété terrienne au Brésil, est l'unité centrale de l'

[1832] De Rio de Janeiro à Macaé : récit d'un voyage aller et d'un retour (2/4)

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Après une bonne nuit de sommeil sur des nattes de paille, il est temps de reprendre la route. Le 9 avril 1832, l'étape du jour va mener la petite compagnie depuis la rive Ouest du Lagon de Maricá jusqu'à Ingetado. Encore une fois, la bourgade n'apparaît pas sur les cartes modernes. Darwin avait la fâcheuse habitude de retranscrire phonétiquement les localités, sans vraiment comprendre l'accent portugais ou espagnol. Et pour cause, cette « Ingetado » (Engenhado) correspond aujourd'hui à Araruama ! Praya Rodriguez - près de Rio de Janeiro (1835), gravure de Johann Moritz Rugendas L'équipage se met en route avant le lever du soleil. Puis face à l'océan, oblique sur sa gauche pour suivre la voie tracée sur le sable entre le lagon et la mer. Le milieu naturel regorge de biodiversité : Aridéidés (Aigrettes et Hérons ?), plantes grasses halophiles, orchidées épiphytes s'accrochant aux rares arbres rabougris, partout une nature tropicale exubérante s'épanoui

[1832] De Rio de Janeiro à Macaé : récit d'un voyage aller et d'un retour (1/4)

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Du 8 au 23 avril 1832, Darwin réalise en compagnie de 6 autres voyageurs un aller et retour depuis Rio de Janeiro jusqu'à Macaé. Un itinéraire routier de 173 km permet aujourd'hui de rallier Niterói, sur la rive Est de Rio de Janeiro, au centre-ville de Macaé. Mais en l'absence des voies de circulation moderne, le trajet terrestre pouvait prendre plusieurs jours à un groupe de voyageurs du XIXème siècle ! Darwin a conçu ce projet de voyage pour occuper une partie de son temps libre pendant que le HMS Beagle cartographie les côtes brésiliennes, mais aussi pour mieux découvrir les richesses naturalistes brésiliennes. L'idée lui est venue quelques jours plus tôt, alors qu'il fit à Rio de Janeiro la rencontre de Patrick Lennon, un propriétaire anglais qui s'apprêtait à visiter son domaine agricole, situé au Nord du Cap Frio. Nous supposerons que ce Mr. Patrick Lennon lui fut présenté par Augustus Earle pendant sa visite guidée de la ville, le 5 avril 1832. Défriche

[1832] Une caricature de l'équipage du HMS Beagle

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La présence d'un artiste-explorateur était toujours gage de notoriété afin d'immortaliser le récit d'une expédition. C'est pourquoi le capitaine FitzRoy engagea l'artiste-peintre Augustus Earle le 28 octobre 1831, en supplément de la liste d'équipage et aux frais de l'Amirauté. Earle jouissait d'une grande notoriété artistique suite à ses précédents voyages, aussi la venue de cet artiste représentait un réel succès pour le capitaine FitzRoy. Nous ne savons que peu de choses du personnage dans le Journal de Bord de Darwin , jusqu'à la date du 5 avril 1832. Earle, alors âgé de 38 ans, guide le jeune Darwin dans les rues de Rio de Janeiro. L'artiste connaît bien la ville pour y avoir séjourné en 1820. Mais douze années se sont écoulées, et les connaissances d'alors sont pour beaucoup passées de vie à trépas. Ce qui fait méditer Darwin sur la dureté de la vie sous ces climats tropicaux et sur les ravages de la consommation d'alcool sensée ado

[1832] Darwin in Love - Fanny Owen, premier flirt de Darwin

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Le 5 avril 1832, le Beagle est enfin arrivé à Rio de Janeiro. L'équipage reçoit par poste restante leurs premiers courriers après plus de trois mois d'expédition. Voilà de quoi réjouir le cœur de nos braves marins ! Quiconque s'est déjà intéressé au récit de l'expédition La Pérouse se souvient d'ailleurs au combien l'espoir de cette correspondance était intense pour un équipage embarqué dans d'aussi lointains voyages. Or parmi les courriers reçus à Rio de Janeiro, Darwin attendait très certainement des nouvelles de Fanny Owen ( portrait d'origine inconnue ci-contre ), son "flirt" de jeunesse qu'il faillit épouser. Le terme de "petite amie" peut sembler inapproprié dans cette première moitié du XIXème siècle, mais il faut bien reconnaître que sa relation avec le personnage de Fanny Owen s'en rapproche le plus. Cette jeune fille d'amis de la famille, que Darwin devait certainement connaître depuis l'enfance, entretenait

[1832] Cabo Frio, un cap honni par le souvenir tragique du naufrage du HMS Thetis

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Le 3 avril 1832, le HMS Beagle se rapproche de Rio de Janeiro et longe le Cap Frio (Cabo Frio), sur la côte brésilienne. Cette étape n'est pas sans marquer les esprits à bord, puisque le HMS Beagle passe non loin du lieu de naufrage du HMS Thétis . Ce drame datant de 1830 fit à l'époque grand bruit dans la presse anglaise, notamment en raison du chargement de lingots d'or perdu en mer. Et même si les deux tiers de la précieuse cargaison furent ensuite récupérés par les Anglais, le Cap Frio continue à attirer encore aujourd'hui les plongeurs amateurs comme les archéologues marins, puisque des lingots se dissimuleraient encore parmi les débris de l'épave ! Les vaisseaux HMS Ganges et  HMS Thétis  au large de Rio de Janeiro, en 1830. Mais en ce début avril 1832, croiser au large du Cap Frio a de quoi glacer d'effroi les marins superstitieux de sa Majesté. Darwin, pour sa part, commente ainsi l'événement : «  Ce matin, Cabo Frio était en vue : c'est un e

[1832] Première rencontre du Beagle avec les efflorescences de sciure de mer

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Lors de l'excursion du HMS Beagle vers l'archipel des Abrolhos, Darwin observa en mer une efflorescence marine de Trichodesmium erythraeum (= Oscillatoria erythraea ). Cette cyanobactérie filamenteuse suffisamment grosse pour que ce micro-organisme soit visible à l'œil nu est aussi appelées sciures de mer. Les efflorescences de cette Cyanophycée sont alors connues depuis 1770 grâce aux expéditions Cook : «  Le capitaine Cook, dans son troisième voyage, remarque que les matelots donnent à ces végétaux le nom de sciure de mer  » Charles Darwin, Voyage d’un naturaliste autour du monde . Efflorescence de Trichodesmium au large de la Grande Barrière de Corail (Wikimedia) Alors que le Beagle traverse dans son sillage une vaste efflorescence de Trichodesmium erythraeum , Darwin ne manque pas de relever avec attention ce phénomène marin. «  Le nombre de ces plantules doit être infini ; notre vaisseau en traversa plusieurs bandes, dont l’une avait environ 10 mètres de largeur et