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[1832] Les canards nageurs de Patagonie

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Le 30 décembre 1832, depuis quatre jours déjà le HMS Beagle reste au mouillage dans l'anse Wigwam à l'île de L'Hermite. Le mauvais temps empêche de prendre la haute mer et de franchir le passage de Drake. Les officiers ne sont pas pour autant inactifs ; FitzRoy en profite pour cartographie l'archipel L'Hermite. Darwin quant à lui poursuit ses relevés géologiques et s'adonne à l'ornithologie. C'est l'été austral en Patagonie, et la saison nuptiale offre pour notre jeune naturaliste quelques observations intéressantes. Rappelons que Darwin disposait de très peu de matériel ornithologique, si ce n'est la possibilité d'emprunter une longue-vue de marine à bord ou de tirer quelques spécimens avec son fusil. Pour autant limité qu'il fut, il put fournir un nombre remarquable de données sur le terrain. Pendant ces journées, il observe sur le rivage de curieux canards incapables de voler, les Brassemers cendrés (Tachyeres pteneres ). Ces étonnan

[1832] Les wigwams des Fuégiens

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Fin décembre 1832, le mauvais temps ne permet pas à l'équipage du HMS Beagle de poursuivre sa navigation à travers le canal de Drake. Ces journées du 27 au 29 décembre ne sont cependant pas perdues puisque le capitaine FitzRoy embarque dans sa baleinière pour reconnaître les rivages des îles L'Hermite. Darwin l'accompagne à bord. Dans la plupart des anses, les deux explorateurs rencontrent des wigwams. Il s'agit d'habitations temporaires et traditionnelles des Fuégiens. La construction, qui peut sembler sommaire, consiste en un assemblage circulaire de joncs tressés et d'herbes pour une hauteur moyenne de 1,3 mètres. Darwin donne assez peu d'indications sur cette tribu dont il observe les huttes "d'habitations aussi misérables". Il se contente de décrire les tas d'ossements et coquillages aux abords, ainsi que le Céleri sauvage et la Cochléaire qui poussent sur ce terrain ainsi amendé. Malheureusement selon Darwin, les Fuégiens ne semblen

[1833] Arrivée à Port Desire

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Le 23 décembre 1833, le HMS Beagle et l' Adventure arrivent à Port Desire (Puerto Deseado), en Patagonie argentine. Cette étape a été plus longue que prévue, car la mauvaise voilure de l' Adventure l'empêche de tenir le vent. A l'abri dans la crique de l'ancienne colonie, les marins auront tout à loisir de corriger cela. Pour le moment, Darwin profite du saisissant paysage de cette côte désolée d'Amérique australe. «  Je croyais avoir vu une région désertique près de Bahia Blanca, mais le territoire près d'ici est tellement plus stérile que c'est lui seul qui mérite le nom de désert  » Charles Darwin, Journal de Bord . Et pourtant, malgré cette aridité, les Guanacos et Nandous abondent dans ces vastes étendues. Les seuls points d'eau qu'il découvre dans l'arrière-pays sont saumâtres et contiennent des moules bleues semblables aux espèces côtières. Darwin va alors poser une hypothèse qui lui tiendra de réflexion les années suivantes : «  i

[1833] Les Jeux Olympiques de Noël du HMS Beagle

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Le 25 décembre 1833, le HMS Beagle et l' Adventure passent Noël à Port-Désiré (Puerto Deseado), en Patagonie argentine. Les festivités s'annoncent joyeuses, puisque la veille Darwin a tiré un guanaco pesant 170 livres (77 kg) sans les entrailles, de quoi agrémenter de viande rôtie le menu des festivités. Mais la journée de repos va surtout être marquée par les Jeux olympiques organisés par le capitaine FitzRoy ! Il est de coutume dans la Royal Navy d'accorder un jour de relâche pour Noël. Lorsqu'un navire est en mer ou au mouillage dans une anse inhospitalière, l'équipage passe alors cette journée de fête à bord du bâtiment. S'il accoste dans un port, le capitaine peut éventuellement accorder aux marins le droit de se rentre à terre, mais il prend alors le risque que l'équipage ne s'enivre dans les tavernes et cause du désordre en ville. C'est d'ailleurs ce qui se produisit le 25 décembre 1831 dans le port de Plymouth , causant du retard pour

[1832] Un Noël en Patagonie

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Le 21 décembre 1832, le HMS Beagle quitte la baie de Bon-Succès avec le projet de doubler le Cap Horn. C'est chose faite au 22 décembre 1832, et la mer de détroit particulièrement calme a de quoi surprendre même les marins les plus accomplis ! Sauf que le Passage de Drake ne se laisse pas vaincre aussi facilement. Un vent violent accompagné de forts grains s'abat sur le Beagle alors qu'il double l'archipel des îles L'Hermite (Islas Hermitas). Paysage des Islas Hermitas - wikipedia Le Capitaine FitzRoy se réfugie en haute mer, sans grand succès. Il décide de se réfugier à l'île L'Hermite, dans l'archipel du même nom. L'endroit est indiqué par l'imposante masse du Pic Kater. Passé le Cap Spencer à la pointe Sud de l'île, le Beagle longe l'île direction Nord-Est jusqu'à l'anse Wigwam. Un lieu de mouillage situé au Sud de la Caleta Saint Martin, côte orientale de l'île, d'après les Narratives de FitzRoy. C'est là que

Darwin et les Fuégiens : un compte-rendu raciste durant le Voyage du Beagle ?

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Entre décembre 1832 et janvier 1833, le HMS Beagle est en Terre de Feu. Durant cet épisode du second voyage du Beagle , Darwin va faire la rencontre des Fuégiens, peuple autochtone habitant l’extrémité Sud du continent américain. Mais les témoignages qu'il en livre dans son Journal de Bord et dans son Voyage d'un naturaliste autour du monde interpellent le lecteur contemporain tant son récit pourrait être qualifié de raciste, voire de suprémaciste. Néanmoins, s'il est important de placer l’œuvre dans le contexte de son époque, le traitement de Darwin envers les Fuégiens eut de quoi interroger, même de son vivant. Faut-il interpréter le dédain manifeste de Darwin pour la civilisation fuégienne comme une forme contemporaine de racisme  ? Cet article tente de revenir sur une polémique demeurée sensible depuis les publications des récit de voyage du célèbre naturaliste britannique. Le 18 décembre 1832, le HMS Beagle mouille dans la Baie de Bon-Succès. Depuis la veille, les

[1832] Les sombres forêts de la Terre de Feu

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Le 19 décembre 1832, Darwin explore les alentours de la Baie de Bon-Succès. «  Il n'y a pas de terrain plat et toutes les collines sont couvertes de bois si épais qu'ils en sont tout à fait impénétrables  » Charles Darwin, Journal de Bord . Pour s'enfoncer dans ces sous-bois obscurs, Darwin se fraye un chemin le long d'un torrent de montagne. Les rives, brutalement dégagées lors de la dernière crue, lui offrent une piste bien difficile à arpenter. Darwin n'explore pas seul ce paysage digne de la forêt de Mirkwood de Tolkien. Il est armé, et un matelot du HMS Beagle l'accompagne. En chemin, il prend cependant le temps de décrire le Hêtre austral ou Hêtre de l'Antarctique ( Nothofagus antarctica ). Si cet arbre est aussi surnommé "faux hêtre", c'est parce qu'il n'appartient pas à la famille des Fagacées comme Fagus sylvatica , mais à celle des Nothofagacées, une famille cependant voisine car appartenant au même Ordre des Fagales. Les b

[1832] La Grande île de la Terre de Feu est en vue !

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Le 15 décembre 1832, le HMS Beagle arrive en vue de la Terre de Feu. C'est le dénouement de 11 jours de mer depuis Bahia San Blas. Le brouillard ne dissimule pas pour autant les terres basses au Sud du Détroit de Magellan. Cependant, le HMS Beagle ne compte pas emprunter ce mythique passage. Le capitaine FitzRoy a pour projet de pousser jusqu'à la Baie Nassau, en doublant dès que possible le Cap Horn. Un objectif redoutable pour les navires à voile des siècles passés. Les prochains jours de navigation nous sont relatés aussi bien dans le Journal de Bord de Charles Darwin que dans les Narratives du Capitaine FitzRoy. A partir du 16 décembre 1832, le HMS Beagle va longer la Grande île de la Terre de Feu, un peu au sud du Cap Saint-Sébastien. Le brick-sloop double ensuite le Cap Sunday et le Cap Peñas. Le capitaine décide de jeter l'ancre devant Santa Inez. Le Beagle y reste une partie de la nuit. Mais vers trois heures du matin, le mauvais temps l'incite à reprendr

[1832] Le HMS Beagle fait voile vers la Terre de Feu

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Le 4 décembre 1832, passées les joyeuses retrouvailles avec les équipages des Goélettes La Paz et La Liebre , il est temps pour le Beagle de poursuivre l'aventure plus au Sud. «  Notre prochain objectif est de visiter la Terre de Feu, d'examiner certaines portions de ce pays - encore inexploré - et de ramener les Fuégiens dans leurs foyers d'origine  » FitzRoy, Narratives . Nous reviendrons ultérieurement sur ces trois passagers fuégiens ainsi que leur étonnant destin. Mais pour le moment, intéressons-nous à la traversée de l'Atlantique Sud jusqu'à la Grande Île de Terre de Feu. Durant ce périple, le HMS Beagle vogue en haute mer . FitzRoy note une passage par la position de 46°S et 63°W. Ce qui permet d'estimer la voie empruntée par le Beagle durant ces jours de décembre. Le Capitaine FitzRoy note la coloration claire des eaux entre le continent et les îles Malouines, ce qu'il attribue à un apport d'eau douce lié à la fonte d'un iceberg. S'

[1832] Darwin et les crevettes pélagiques

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Les 5 & 6 décembre 1832, le HMS Beagle entame une progression lente sur un océan Atlantique sud calme. Durant cette journée et les suivantes, Darwin profite de ces conditions agréables pour capturer de petites crevettes pélagiques à l'aide de son filet à plancton . Dans ses Notes Zoologiques , il revient sur la description de ses prises. Nous ne pouvons que l'imaginer, laissant sa nasse dériver à la poupe du navire, puis examinant dans la dunette du Beagle ses minuscules prises à l'aide de son microscope de poche ! Ses prises ressemblent à de petites crevettes. Mais son œil exercé ne se laisse pas berner pour autant. Car derrière le terme familier de « crevette » se cache un groupe paraphylétique au sein des Crustacés. D'ailleurs, certaines n'en ont qu'une vague ressemblance trompeuse ! Darwin récolte ainsi de nombreux Diaptomus sp ., des Copépodes de l'Ordre des Calanoida qu'il assimile à des Cyclops sp . La confusion provient de leur taille et a

[1833] Conrad Martens rejoint le HMS Beagle

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Le 6 décembre 1833 à 4 heures du matin, le HMS Beagle appareille et remonte le Rio de la Plata en quête d'eau douce. L' Adventure les accompagne. Au 7 décembre, les deux vaisseaux quittent pour de bon le Rio de la Plata et font voile cap au Sud. «  Puisse la bonne fortune être pour une fois bienveillante à notre égard et nous apporter du beau temps & des vents favorables  » Charles Darwin, Journal de Bord . Quelques changements sont survenus à bord du Beagle . Robert McCormick ayant abandonné son poste de chirurgien, il est remplacé par M. Kent, qui vient de rejoindre le navire à Montevideo. McCormick se considérait comme le naturaliste de l'expédition, titre qui revenait traditionnellement au chirurgien à bord d'un navire de la Royal Navy . Mais aucune règle de l'Amirauté n'officialisait cela, et Darwin avait bien été nommé au poste tant convoité  ! Furieux, McCormick quitta le navire en avril 1832 avec l'accord de l'Amirauté. Il est certain que

[1832] Retrouvailles avec La Paz et La Liebre

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Le 28 novembre 1832. Après avoir quitté Montevideo et s'être approvisionné en eau douce, le HMS Beagle quitte le Rio de la Plata en direction de Bahia San Blas, située à 200 km au Sud de Bahia Blanca. Là bas, le Capitaine FitzRoy espère retrouver les Goélettes La Paz et La Liebre qu'il a loué en septembre dernier pour l'appuyer dans son travail de cartographie de l'Amérique du Sud. Après une fin de mois ensoleillé et une jolie brise portant le brick-sloop, le temps se dégrade au 1er décembre. Darwin croit que le navire est sous le coup du fameux phénomène météorologique du « Pot au noir » lié à la zone de convergence intertropicale. Mais le Beagle vogue bien trop au sud pour subir l'influence atmosphérique des mouvements convectifs des cellules de Hadley. Il s'agit juste d'un épisode dépressionnaire aussi mauvais que traître. Le 2 décembre 1832, le temps est toujours couvert et une forte brise souffle sur l'Atlantique. Aucun signe des deux goélette

Les instruments de géologie que Darwin embarqua à bord du Beagle

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En préparation de son Voyage autour du Monde, Darwin s'équipa de divers livres et instruments qui se révélèrent fort utiles sur le terrain. Bien entendu, le matériel moderne de géologie lui faisait défaut ; il ne pouvait pas réaliser de lames minces à partir des échantillons collectés et son microscope de poche restait comparable à une loupe monoculaire sur support. Mais Darwin fut tout de même capable d'effectuer divers examens minéralogiques et géochimiques fort utiles à partir de ses prélèvements terrain, tout en effectuant des relevé topographiques qui lui permirent d'appuyer ses raisonnements futurs sur la géologie de l'Amérique du Sud. Dans cet article, je vous propose de découvrir quels étaient ces précieux outils de géologie sur lesquels Darwin put compter durant son voyage à bord du Beagle  ! Commençons par le marteau de géologue. Cet instrument, indispensable pour tout amateur de géosciences, existait déjà au début XIXème siècle dans une forme spécifiquement a