Zoologie du voyage du Beagle

Au cours de son Voyage à bord du HMS Beagle, Charles Darwin consigne ses observations zoologiques de deux manières différentes. Les spécimens collectés et conservés dans l'alcool (spirits) sont répertoriés dans une liste en annexe de ses Notes Zoologiques. Quant aux observations faites sur le terrain, elles sont soit rapportées dans son Journal de Bord, soit relevées également dans ses Notes Zoologiques.

De retour de son Voyage en 1836, Darwin dispose d'une collection impressionnante de spécimens zoologiques et paléontologiques. Etant alors plus versé dans la géologie que la biologie, l'identification de nombreux taxons lui pose problème. Il va alors confier l’identification et la description savante de ces spécimens à plusieurs spécialistes de son époque. Les fossiles de Mammifères sont confiés à Richard Owen, tandis que les Mammifères actuels sont attribués à George Robert Waterhouse. Les Oiseaux sont identifiés par John Gould. Les Poissons sont remis à Leonard Jenyns, et enfin les Reptiles & Amphibiens sont déterminés par Thomas Bell.

Au total, l'édition de la « Zoologie du voyage du H.M.S. Beagle » repose sur dix-neuf fascicules, qui paraîtront entre février 1838 et octobre 1843. Darwin se consacra par la suite à certains taxons précis issus de ses collections, comme les Cirripèdes (1851 - 1854). Mais en attendant, Darwin a un tout autre projet en tête. Dès 1837, il est convaincu que le fixisme des espèces est une théorie dépassée. L'énorme travail documentaire de la Zoologie du voyage du H.M.S. Beagle va donc lui servir aussi de base de réflexion dans cet immense travail d'investigation, qui débouchera sur la publication de L'Origine des Espèces le 24 novembre 1859.

Ironie du sort, tous les auteurs de la Zoologie du voyage du H.M.S. Beagle ne soutiendront pas pour autant les hypothèses proposées par Darwin dans son Origine des Espèces. Richard Owen en fut un ardent adversaire dès 1860. George Robert Waterhouse ne s'affranchit guère de la théologie naturelle alors en vigueur dans la communauté scientifique anglo-saxonne. John Gould demeure assez neutre sur la question d'une évolution des espèces. Leonard Jenyns reconnaîtra tardivement le génie de Darwin mais s'approchera plutôt d'un "dessein intelligent" naturaliste. Thomas Bell ne soupçonna pas non plus les idées naissantes de Darwin.


Lithographie d'un Dauphin obscur (Delphinus fitzroyi). In :  Zoologie du voyage du H.M.S. Beagle, (2:25-6)


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