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[1833] La Licorne et le Capitaine Lowe

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Le dimanche 24 mars 1833, au grand désespoir de Darwin, le séjour aux îles Malouines lui semble bien monotone. Certes, ses récentes sorties naturalistes ont été riches de fossiles de Brachiopodes et il a aussi tiré plusieurs Limicoles. Mais l'ennui le gagne peu à peu. Aussi se concentre-t-il sur les dernières affaires menées par le Capitaine FitzRoy. Port-Louis, îles Malouines, à la fin des années 1830. Crédits : Wikipedia Vendredi dernier, un événement a en effet brisé la monotonie des Malouines. Une Goélette de phoquier, " La Licorne " (ou Unicorn ), est arrivée à Port-Louis. Elle est commandée par le Capitaine Lowe, un homme que Darwin considère comme plutôt roublard.  «  On dit communément qu'être phoquier, négrier ou pirate, c'est un tout  »  Charles Darwin, Journal de Bord . Pour le capitaine FitzRoy, l'homme est un simple phoquier traversant une mauvaise passe, puisque sa saison de chasse a été calamiteuse. Il lui propose donc un marché le 26 mars suiva

"Creation" - Jon Amiel (2009)

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On se fait une toile darwinienne ? Je vous propose " Creation " de Jon Amiel (2009), film sorti au moment du double anniversaire du bicentenaire de la naissance de Charles Darwin et des 150 ans de " L'Origine des Espèces ". Ce film ne connut pas un très vif succès, à vrai dire il n'est disponible en français qu'auprès de TF1 Vidéo sous le titre " Au commencement … ". Quant aux USA, les mouvements créationnistes pesèrent de tout leur poids pour empêcher sa diffusion dans les salles de cinéma. La critique ne fut pas tendre non plus, notamment parce que le synopsis du film est assez trompeur. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un film sur la genèse et les péripéties d'édition de "L'Origine des Espèces", mais un drame familial très intimiste autour de la vie de couple des époux Darwin. Paul Bettany incarne pourtant avec brio le rôle principal de Charles Darwin, avec dans la distribution des seconds rôles, les actrices

[1833] L'Uranie et sa passagère clandestine

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Mars 1833, aux îles Malouines, Darwin retrouve des débris appartenant à la gabare française L'Uranie , qui fit naufrage dans la baie Accaron au Nord-Est de l'archipel, entre les 14 et 15 février 1820. Cette expédition scientifique française considérée comme un cuisant échec par la plupart des historiens connut pourtant quelques épisodes glorieux. Mais revenons le temps d'un billet sur cette aventure malheureuse. L'Uranie part de Toulon en 1817. Alors qu'elle réussit son tour du monde en franchissant le cap Horn depuis le Pacifique le 8 février 1820, la gabare est malmenée par les conditions météorologiques aux Malouines. Cette étape lui sera fatale. L'Uranie - gravure anonyme Treize ans plus tard, Charles Darwin découvre non sans tristesse les débris de ce bâtiment français. L'infortune de L'Uranie ne peut que lui serrer le cœur, lui qui est embarqué dans une expédition d'exploration similaire. A l'infortune de mer, se rajoute l'oubli du

[1833] Darwin, ornitho cocheur aux îles Malouines

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Du 6 au 9 mars 1833, Darwin se perd dans ses centres d'intérêt spécifiques. «  Pendant trois jours, j'ai vagabondé dans le pays, à casser des rochers, tirer des bécassines et ramasser les rares produits vivants dont peut s'enorgueillir cette île  » Charles Darwin, Journal de Bord . Inutile de préciser qu'après ces derniers jours passés en mer, ce grand bol de nature eut certainement le meilleur effet sur son humeur ! Le bilan de ces journées naturalistes sera, pour les besoins de ce blog, découpé en deux parties. Tout d'abord quelques détails sur les Oiseaux observés durant ces journées. Puis dans un prochain article, nous reviendrons sur la géologie des Malouines. Darwin appréciait énormément la chasse lorsqu'il était jeune homme. Cette passion s'estompa progressivement durant son voyage à bord du Beagle , dès lors que ses observations naturalistes lui demandaient un travail trop exigeant pour qu'il puisse s'encombrer d'un fusil sur le terrain.

[1833] La mort accidentelle de M. Hellyer

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Le 4 mars 1833, un drame frappe l'équipage du HMS Beagle . M. Edward Hellyer, le commis du capitaine, est retrouvé mort. Il s'agit vraisemblablement d'un accident. Et pour autant, le mystère demeure encore entier sur le triste événement qui le mena de vie à trépas. La triste nouvelle parvient au brick-sloop après qu'un colon des îles Malouines ait retrouvé des vêtements et un fusil abandonnés sur la côte. L'équipage se précipite à la recherche de Hellyer, mais trop tard. Ils découvrent le corps reposant sur un lit de varechs. Gravure d'un homme noyé. Rapidement, les officiers du Beagle concluent à un accident. Cependant, plusieurs indices laissent songeurs. Son fusil est déchargé, il l'a bien utilisé pour tirer. Vraisemblablement, il s'agissait d'un tir de chasse, puisqu'un canard inerte est retrouvé à proximité du corps. Mais alors, pourquoi s'être déshabillé et comment a-t-il fini noyé dans les eaux froides du rivage ? Pour Darwin, le mys

[1833] Le Beagle arrive aux Malouines

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Le 1er mars 1833, le HMS Beagle arrive aux îles Malouines (ou îles Falkland). Et première surprise pour Darwin, cet archipel est désormais possession britannique ! Les îles Malouines furent découvertes par Amerigo Vespucci au XVIème siècle, mais restèrent inhabitées jusqu'en 1764, lorsqu'une expédition française menée par Louis-Antoine de Bougainville vogua pour les coloniser. L'établissement fut baptisé Port Saint Louis. La colonie originelle de Port Saint Louis. (Dom Pernety, 1769) La colonie comptait, en 1765, pas moins de 75 habitants. Principalement des Acadiens, jusqu'à ce que l'île soit cédée à l'Espagne. Bougainville réalisa le voyage en personne pour siéger à la cérémonie de cession de Port Saint Louis qui se déroula le 1er avril 1767. Le sort de la colonie fut confié à Felipe Ruiz Puente, premier gouverneur espagnol des Malouines. Les termes négociées lors de cette cession exigeant le départ des français, ils furent remplacés par des espagnols et Port

[1833] Un départ de Terre de Feu

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Le premier séjour de Darwin en Terre de Feu prend fin le 26 février 1833. Durant ces derniers jours, le HMS Beagle a repris la mer afin de poursuivre sa mission cartographique. Les 18 & 19 février 1833, le brick-sloop vogue jusqu'à l'île Wollaston en Terre de Feu pour effectuer quelques relevés cartographiques. Le 20 février 1833. Le mauvais temps est de la partie, l'exploration cartographique de l'île Wollaston est donc reporté. Le HMS Beagle retourne s'abriter dans le passage de Goree. Le thermomètre ne dépasse pas les 3°C. Fortes averses de pluie et de grêle. Hélas la météorologie ne va pas s'arranger. Du 21 au 23 février 1833, le mauvais temps empêche le HMS Beagle de mener à bien son travail de cartographie de la Terre de Feu. Le capitaine FitzRoy décide de retourner s'abriter dans la baie de Bon-Succès ! La tempête, d'une violence inhabituelle selon Darwin, oblige l'équipage à jeter trois ancres pour garder le mouillage. Enfin le lundi 25

[1834] Les Fuegiens, des Humains avant tout

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Lors de ses séjours en Terre de Feu, Darwin fut un observateur très critique des peuplades fuégiens que l'équipage du HMS Beagle rencontra. Nous avons déjà eu occasion d'évoquer cela dans différents articles de ce blog, notamment cet article , ou bien encore ici , et enfin sur ce billet aussi .  Et pourtant, même si l'entrée du Journal de Darwin en ce 25 février 1834 dresse à nouveau un portrait peu élogieux des Fuégiens, une phrase marque cependant la pensée humaniste de Darwin : «  A la vue de ces hommes, il est difficile de se convaincre que ce sont des êtres semblables à nous placés dans le même monde  ». Charles Darwin, Journal de Bord . Groupe de Fuégiens Yámanas. Photographie prise en 1883. Car même si l'aspect des Fuégiens, leurs corps nus recouverts de peinture, leur voix discordante pour les oreilles d'un Européen et leurs gestes d'apparence brutaux ne peut que repousser notre jeune naturaliste anglais, il n'empêche que leur appartenance à l'

[1834] Retour à l'île Wollaston sur les traces du HMS Chanticleer

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Durant son travail de cartographie des côtes patagonnes et de Terre de Feu, le HMS Beagle eut occasion à plusieurs reprises de longer les côtes de l'archipel chilien de Wollaston. Ce fut le cas entre le 18 et le 20 février 1833, puis entre le 24 et 26 février 1834. Et ces îles auraient très bien pu être nommées lors de la première expédition du Beagle ! Mais ce honneur revint au capitaine Henry Foster, qui à bord du HMS Chanticleer lors de l'expédition en Atlantique Sud (1829 - 1831), découvrit en premier les quatre grandes îles de l'archipel. La principale île fut baptisée tout comme l'archipel en hommage au savant William Wollaston, grand scientifique de ce début de XIXème siècle. Les géologues auront d'ailleurs certainement reconnu l'inspirateur de la fameuse médaille Wollaston ! La seconde, au sud-est de l'archipel, se nomme l'île Freycinet. Viennent ensuite ls îles Bayly, au nord-est, et Grevy, au nord-ouest. Plusieurs ilots complètent l'archi

[1833] Les Fuegiens du HMS Beagle : épilogue

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Le 6 février 1832, le capitaine FitzRoy est de retour à Woolya où il espère prendre des nouvelles de la nouvelle mission chrétienne qu'il a contribué à fonder quelques jours plus tôt en Terre de Feu. Mais les nouvelles sont mauvaises. «  Matthiews nous fit un si mauvais rapport sur la conduite des Fuégiens que le Capitaine lui conseilla de retourner au navire  » Charles Darwin, Journal de Bord . Et il y a de quoi s'inquiéter, tant la mission est un échec ! Gravure de Fuegiens et de leurs wigwams familiaux. Extrait des " Narrative of the surveying voyages of His Majesty's Ships Adventure and Beagle between the years 1826 and 1836 ".  Dès le départ des marins du Beagle , les Fuégiens ont littéralement pillé la petite mission chrétienne. Matthiews doit surveiller nuit et jour ses maigres biens, et se montre déjà épuisé par l'incessante surveillance. Constamment, les Fuégiens se pressent autour de son habitation et l'empêchent de dormir, tentant de l'atti

[1834] Chroniques d'un voyage en Patagonie

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Durant ce mois de février 1834, le HMS Beagle poursuit sa mission de cartographie du détroit de Magellan et de la grande île de la Terre de Feu. Darwin, bien entendu, nous livre dans son Journal de Bord un récit de ces journées passées aux confins de la Patagonie. Divers événements marquants s'y déroulent, et qui mériteront des billets plus détaillés à l'avenir. Mais revenons ici sur les grandes lignes de ce récit. Le 11 février 1834, le Beagle croise une goélette de chasseurs de phoques. Les marins à son bord leur rapportent le soulèvement des Gauchos aux Malouines, événement majeur de la prise de possession de l'archipel par la Royal Navy sur lequel nous ne manquerons pas de revenir. Darwin aborde quelque peu la rude vie de ces phoquiers. Et bien que cette activité nous semble de nos jours moralement inacceptable, revenons quelque peu sur ces marins qui menèrent une existence certes lucrative, mais terriblement dangereuse. Ainsi parmi l'équipage de phoquiers rencon

[1834] Une promenade devant le Mont Sarmiento

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Le 7 février 1834, Darwin part en compagnie de M. Rowlett et Martens pour une promenade sur le rivage, avec le Mont Sarmiento à l'horizon. Durant cette marche, aucun Fuégien ne se montre. Le secteur n'est cependant pas si hospitalier, et nos trois amis repèrent un wigwam assez récent avec des traces d'un cheval. Il semblerait que la région soit une zone de contact - et probablement de troc - entre Fuégiens et Tehuelches. La montagne, d'abord confondue avec un volcan, fut baptisée Mont Sarmiento par Phillip Parker King, le commandant de la première expédition du HMS Beagle. Pour l'anecdote, cette montagne est mentionnée dans les et  romans de Jules Verne Vingt mille lieues sous les mers et Robur le Conquérant . Côté alpinisme, plusieurs tentatives infructueuses eurent lieu en 1898 et 1913. Le somment oriental ne fut atteint qu'en 1956 pour la première fois par les alpinistes italiens Clemente Gueret et Carlo Mauri. Quant à son somment occidental, il fut enfin gr

[1834] Darwin à l'ascension du Mont Tarn

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Le 6 février 1834, Darwin quitte le Beagle à quatre heures du matin pour se lancer dans une longue randonnée. L'objectif du jour ? Partir à l'ascension du Mont Tarn, culminant à 792 mètres d'altitude au-dessus du niveau de la mer. La randonnée est tout de même impressionnante, car le Beagle est au mouillage à Port-Famine, soit tout de même à près de 20 km du sommet du Mont Tarn. Et les conditions météorologiques de la journée sont particulièrement difficiles ! Le vent souffle sur les crètes, le brouillard ne se lève pas pour autant et par cette absence de visibilité, Darwin est obligé de marcher en se guidant uniquement à la boussole ! Aussi les ravins croisés en chemin durent se révéler de dangereux pièges durant son ascension. D'autant plus dangereux que ces étroites vallées d'érosion sont encombrées de troncs d'arbres pourrissants. Enfin, tout ruisselle d'eau, rendant certainement le sol des plus glissants ! Le Mont Tarn (Punta Arenas, Chili). Photograph

[1834] Port Famine, une destination tragique en Patagonie

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Le 2 février 1834, le HMS Beagle entre de nuit dans Port Famine après une journée de navigation particulièrement calme. Ce site, déjà lourdement chargé d'histoire lors de la visite de Darwin, est aussi inhospitalier que son nom l'indique. Et si notre jeune naturaliste ne s'attarde que très peu sur l'historique de ce site dans son Journal de Bord , c'est probablement en raison du terrible désespoir qui s'abattit à plusieurs reprises sur ses visiteurs. La côte patagonne vue de Port Famine (crédits : https://www.monumentos.gob.cl) Paysage magnifique mais des plus démoralisants comme il ne nota au 1er juin 1834, Port-Famine demeure pour les navigateurs d'Amérique du Sud une destination plus désespérée qu'hospitalière. Dans son ouvrage Voyage d'un naturaliste autour du Monde , Darwin se montre un peu plus prolixe sur ce site à la sinistre réputation. «  Le nom seul de Port-Famine suffit pour indiquer quelles furent les souffrances de plusieurs centaines

[1833] Cartographier le canal Beagle

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Du 28 janvier au 6 février 1833, les embarcations du HMS Beagle poursuivent leur exploration du canal Beagle, célèbre bras de mer navigable en Terre de Feu. Pour rappel, le canal Beagle fut découvert par le capitaine FitzRoy au cours du premier voyage du HMS Beagle , d'où son nom ! Pour ce second voyage, il est impératif à ses yeux d'approfondir la cartographie de cette voie maritime permettant de contourner le Cap Horn en sécurité. Comme cette mission ne requiert pas une grande quantité de marins, FitzRoy renvoie deux baleinières auprès du HMS Beagle , toujours au mouillage dans le canal de Goree. Il ne reste donc que deux embarcations et leur équipage : la yawl et une baleinière. FitzRoy et Darwin sont bien entendu du voyage. Après avoir quitté les côtes de Woolya, direction plein Ouest une fois avoir pénétré le canal Beagle. A l'approche de l'île Gordon, les deux baleinières prennent le bras nord du canal. Darwin admire le bleu béryl des glaciers de Terre de Feu.