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Affichage des articles du janvier, 2023

[1832] L'étrange bestiaire marin sur l'estran de Santiago

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Durant son séjour sur l'île de Santiago (Cap-Vert), Darwin parcourt l'estran de Port-Praya à la recherche d'Invertébrés marins. Ses récoltes sont nombreuses, et plusieurs taxons méritent de se replonger dans ses notes zoologiques. Comment procédait-il pour consigner ses observations durant son voyage ? Darwin tenait à jour un Journal de Bord auquel ce blog se réfère régulièrement. Mais il notait également ses Notes zoologiques dans des carnets à part. Enfin, certaines de ses descriptions sont étoffées dans son Voyage d'un naturaliste autour du monde , publié quelques années après son périple à bord du HMS Beagle . Son coin de pêche de prédilection durant ce séjour demeure l'estran de Quail Island, dans la petite baie de Port-Praya, désormais renommée l'île Santa-Maria. Outre les célèbres observations géologiques qu'il y fit, Darwin préléva sur ce rivage différents Invertébrés marins qu'il décrivit ensuite dans ses notes avec attention. Il décrit ainsi

[1832] Des baobabs du Cap-Vert

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Le 20 janvier 1832, Darwin entame une longue promenade à l'intérieur des terres avec McCormick , longeant le lit desséché d'une large rivière qui sert de route agricole jusqu'au célèbre baobab de l'île de Santiago. Il s'agit d'un impressionnant spécimen d' Adansonia digitata (Malvacée) dont la réputation a déjà atteint l'Angleterre puisque Darwin et les officiers du HMS Beagle le connaissaient de part leurs lectures. Mais pour autant, méritait-il sa réputation de vénérable ancêtre et témoin du Déluge biblique ? Pour Darwin et les officiers du HMS Beagle , voici un défi botanique de taille ! Baobab Adansonia digitata  du Cap Vert, gravure Bérard publié sur le Tour du Monde , Paris, 1861. L'arbre n'est pas tant imposant par ses dimensions (déjà imposantes) que par sa présence assez solitaire dans un paysage semi-aride qui n'est pas sans rappeler la savane africaine. Le naturaliste français Michel Adanson, qui publia en 1761 un mémoire illustr

[1832] Rencontre avec un Martin-chasseur à tête grise

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Dans son récit «  Voyage d'un naturaliste autour du monde  », Darwin relate l'observation au Cap-Vert (16 janvier 1832 – 8 février 1832) d'un «  Martin-pêcheur (Alcedo iagoensis) qui se pose stupidement sur les branches qui se pose stupidement sur les branches du ricin et s’élance de là pour saisir les sauterelles et les lézards  ». Il crée alors, sans le vouloir, une confusion entre deux noms vernaculaires d'espèces d'oiseaux. «  Cet oiseau porte de vives couleurs, mais il n’est pas aussi beau que l’espèce européenne  » rajoute-t-il. Et pour cause ! Le Martin-pêcheur d'Europe ( Alcedo atthis ) est tout simplement absent du Cap-Vert. Or Charles Darwin observe à un Alcedo iagoensis , selon le texte cité précédemment. Un oiseau qui se distingue de notre Martin-pêcheur par le plumage, mais aussi par le comportement : «  il diffère aussi considérablement de son congénère d’Europe par sa manière de voler, par ses habitudes et par son affection pour les vallées les

[1832] Brumes de poussières au Cap-Vert

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Alors que le HMS Beagle arrive à l'archipel du Cap-Vert durant la journée du 15 janvier 1832, une brume poussiéreuse et brunâtre gène la visibilité. Le capitaine FitzRoy signale que ce phénomène est fréquent, et Darwin en fait aussi la description dans son récit de voyage : «  L’atmosphère est ordinairement brumeuse ; cette brume provient de la chute d’une poussière impalpable qui endommage quelque peu nos instruments astronomiques. La veille de notre arrivée à Porto-Praya, j’avais recueilli un petit paquet de cette fine poussière brune, que la toile métallique de la girouette placée au sommet du grand mât semblait avoir tamisée au passage  » Darwin, Voyage d’un naturaliste autour du monde . L'atmosphère est alors saturée en particules fines et siliceuses, la couleur ocre étant certainement due à la présence d'oxydes de fer. La réflexion lumineuse de la lumière du jour sur ces particules donne au soleil une curieuse allure de boule blafarde. Dans ses Notes zoologiques , D

[1832] Le HMS Beagle arrive au Cap-Vert

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Le 15 janvier 1832, le Beagle arrive dans l'archipel du Cap-Vert. Une brume épaisse chargée de poussière cache aux yeux de l'équipage les beautés de ces îles. Le capitaine FitzRoy note même qu'il rate de peu son itinéraire en se déportant trop à l'Ouest, faute de visibilité correcte ! Jusqu'au lendemain 16 janvier 1832 lorsque le Beagle arrive à Porto-Praya (aussi orthographié Port-Praia), le port de la ville de Praia, et capitale du Cap-Vert située sur l'île de Santiago. Le brick-sloop et son équipage vont rester au Cap-Vert pendant près d'un mois, le capitaine FitzRoy ayant pour mission d'y effectuer des mesures cartographiques ainsi que des expériences sur le magnétisme terrestre. Carte de l'Amirauté britannique de Port-Praia (Porto-Praya), 1813. L'arrivée à Port-Praia est un événement important, puisqu'il s'agit de la première véritable escale du Beagle . Aussi, chacun se livre dans ses récits de voyage à dresser un premier tableau

[1833] Périlleuse tentative pour franchir le Passage de Drake

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Depuis le 31 décembre 1832 jusqu'au 15 janvier 1833, le HMS Beagle tente de franchir le Passage de Drake et ainsi de gagner les côtes chiliennes de la Patagonie. La destination du Capitaine FitzRoy telle qu'il exposa le 32 décembre 1832 à ses officiers était alors très claire. Il comptait atteindre March Harbour, dans un des fjords découpés de Île Hoste (55°22'35"S ; 69°53'57"W), pour y déposer les Fuégiens York Minster et Fuegia Basket. Puis revenir en Terre de Feu par le Canal Beagle et atteindre l'île Navarino à proximité de la tribu de Jemmy Button. Ainsi aurait-il accompli sa promesse de ramener ses passagers Fuégiens chez eux. A ce sujet, ce canal porte ce nom suite aux deux missions cartographiques réalisées dans ce secteur par le HMS Beagle , souvenez-vous que le voyage de Darwin est en réalité la seconde expédition du navire d'exploration en Amérique du Sud. "Sorely Tried", le  HMS Beagle doublant le Cape Horn, 13 Janvier 1833, pei

[1832] En route pour le Cap-Vert, étude du zooplancton pélagique à bord du HMS Beagle

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En route pour les îles du Cap-Vert, le HMS Beagle franchit le Tropique du Cancer au 10 janvier 1832. Darwin trompe l'ennui en se fabriquant un filet à plancton avec les moyens du bord. Il utilise pour cela un sac en étamine de quatre pieds (1,2 mètres) de profondeur, fixé à un arceau en demi-cercle. Il est maintenu à la verticale par des lignes et laissé à la traîne derrière le navire. La toile du sac en étamine est suffisamment lâche pour filtrer l'eau de mer, ce qui lui permet de récolter du zooplancton et divers organismes marins pélagiques. «  Ce soir, il a remonté une masse de petits animaux, et demain j'attends avec impatience une plus grande récolte  ». De Ténérife au Cap-Vert (6-16 janvier 1832). Réalisation : QGIS / OpenStreetMap Sa méthode n'est pas sans rappeler celles des précurseurs de la biologie marine du XIXème siècle. Sauf que leurs premiers filets à plancton étaient plutôt réalisés à partir de tissus en soie. Ce qui n'est pas incompatible avec un

[1832] La désillusion de Ténérife

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Tôt le 6 janvier 1832, le HMS Beagle arrive en vue de l'île de Ténérife, dans l'archipel des îles Canaries. Le Pic de Teide, au sommet de l'île volcanique, est alors enneigé. Le paysage n'est pas sans évoquer selon FitzRoy dans ses Narratives les descriptions du naturaliste Humboldt. Le Beagle approche par le Nord de l'île, peut-être même Nord-Est, puisque dans les deux cas le pain de sucre volcanique qui est visible depuis l'océan sert de repère afin d'indiquer l'île pointant au Sud-Ouest. Néanmoins, la côte de Ténérife est longée d'Ouest en Est, puisque la Punta Anaga, relief septentrional de l'île, est dépassée dans la matinée avant de mouiller devant le port de Santa Cruz. Gravure anonyme du Pic de Teide, Ténérife. Alors que vers midi l'équipage du Beagle se prépare à toucher terre, une barque d'officiels approche du brick-sloop. Le vice-consul britannique leur apprend alors qu'en raison de rapports leur étant parvenus d'une

[1832] A la recherche des "Huit Pierres" au large de Madère

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 Le 3 janvier 1832, le capitaine FitzRoy commente la journée de navigation dans ses Narratives : Le 3 janvier, nous étions occupés à chercher les « huit pierres » ; mais rien n'a été vu pour indiquer des roches, ou des hauts fonds, ou même de l'eau peu profonde. Le soleil brillait vivement sur une mer d'un bleu profond, d'une couleur uniforme : aucun sondage ne put être obtenu ; et s'il y avait eu un haut-fond ou un rocher à moins de sept milles de nous à n'importe quelle heure de ce jour-là, il n'aurait pas pu passer inaperçu. Tant de vaisseaux ont cherché, en vain, ce prétendu groupe de rochers, qu'on peut à peine croire leur existence aujourd'hui. Il s'agit là de la vaine recherche hydrographique des "Huit Pierres", une zone supposée d'ilots ou des hauts fonds potentiellement dangereuse pour la navigation. De 1825 à 1842, l'Amirauté va demander aux navires approchant Madère par le Nord d'enquêter sur la présence potentiel