[1832] Une visite au jardin botanique de Rio de Janeiro

Le 27 mai 1832, Darwin visite le Jardin Botanique de Rio de Janeiro. Et il faut croire que le jeune naturaliste fut d'abord déçu par sa visite. « Allé au Jardin Botanique, ce nom a dû lui être attribué plus par courtoisie que pour toute autre raison, car en réalité c'est uniquement un lieu de distraction » Charles Darwin, Journal de Bord. Pire encore, Darwin était impatient de visiter les quelques acres d'arbre à thé (Melaleuca alternifolia) plantés dans le Jardin. Mais il n'y trouva que quelques arbustes insignifiants, dont les feuilles produisaient un très mauvais breuvage. Or pour un anglais, on ne plaisante pas avec le thé !

Heureusement, le Jardin Botanique de Rio de Janeiro alors ouvert au public depuis 1822 présente d'autres charmes auquel notre jeune naturaliste fut sensible. Déjà réputé pour ses travaux d'acclimatation des plantes tropicales, le Jardin permet d'admirer camphriers, sagoutiers, canneliers, girofliers et poivriers. Aussi dans son Journal, Darwin s'émerveille de ce catalogue botanique et oublie rapidement la déconvenue de sa dégustation de thé brésilien. Devant les arbres à pain, il s'impatiente de les observer un jour prochain sur les îles du Pacifique. Face aux bananiers, orangers et manguiers, il ne peut que s'extasier, autant fasciné par leur botanique qu'emporté par sa gourmandise.

Aussi son souvenir du Jardin Botanique de Rio de Janeiro fut bien plus conciliant dans son Voyage du Beagle : « À plusieurs reprises, j'ai fait des excursions courtes mais très agréables dans le pays voisin. Un jour, je suis allé au Jardin Botanique, où l'on pouvait voir pousser de nombreuses plantes, bien connues pour leur grande utilité ». Ce jugement botanique était même encore plus élogieux dans son Journal de Bord, puisque Darwin estimait que les essences d'arbres tropicales dépassaient en beauté et en utilité les essences européennes. Que tous ces arbres tropicaux du Jardin Botanique puissent contribuer à la subsistance des hommes fascinait littéralement Darwin, au point qu'il s'interroge même sur une possible origine tropicale de l'humanité ! Pour autant, notre jeune naturaliste oublie l'importance des bois européens dans la construction de navires. Nul doute que le capitaine FitzRoy lui eut rappelé les oublis de son jugement partiel s'il l'avait accompagné ce jour-là.


Bertichem - 1856 - Jardim Botânico do Rio de Janeiro


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