[1835] Un mois d'août au Pérou
Du 9 août à début septembre 1835, le Journal de Bord de Charles Darwin reste bien peu loquace. Qu'a pu bien faire notre jeune britannique durant cette période ? Nous apprenons tout d'abord le retour du capitaine FitzRoy de son expédition de sauvetage du HMS Challenger. Ce dernier séjourne à Lima. Le pays étant en proie au désordre, et notre jeune ami n'ayant probablement guère envie de supporter les maugréements du capitaine, il séjourne à bord du Beagle, au mouillage à Callao. Durant ces journées, il s'active à rédiger des notes géologiques sur ses observations au Chili.
Le Pérou ne lui laissa pas un agréable souvenir. Dans le « Voyage d'un naturaliste autour du Monde » (1839), Darwin s'attarde sur l'air vicié qui règne le long de la côte, naissant dans les marécages insalubres et responsable d'épidémies de fièvres locales. La politique incertaine de la jeune nation ne lui inspire qu'un profond mépris, comme toujours chez le jeune homme face aux républiques. L'anarchie, la corruption, la violence, tels sont les mots qu'il emploie pour décrire la société péruvienne. Exception faite des jolies péruviennes ! Très vite, Darwin s'en désintéresse pour quelques promenades solitaires sur l'île de San Lorenzo, face à Callao. Le seul endroit où l'on peut se promener en toute sécurité, selon lui. Durant ces escapades, il médite sur la géologie de la côte péruvienne, dont les affleurements fossiles ''collent'' une fois de plus avec ses hypothèses d'un retrait progressif du trait de côte américain.
Mais plusieurs semaines soumis à cette oisiveté ne sont guère propices pour un jeune homme. L'ennui le ronge, et l'attente avant que le Beagle ne lève l'ancre lui semble un interminable temps perdu. Il s'occupe en retournant par deux fois à Lima, rencontre des négociants avec lesquels il chasse le cerf. Le revoilà perdu dans ses anciennes passions. Un intérêt soudain pour l'archéologie le reprend. Au détours d'une partie de chasse où ils furent bredouilles, Darwin découvre les ruines d'un village indien. Il décrit l'architecture du site, quelques éléments du mobilier, leurs tertres funéraires (huacas), et en déduit que les peuples indiens de la côte péruvienne étaient considérablement avancés. Nous n'en saurons pas plus cependant. Rassurez-vous, cette oisiveté s'achève le 7 septembre prochain, lorsque le Beagle appareillera pour les Galápagos !
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