[1835] Escale à Callao
Arrivé le 19 juillet 1835 devant le port de Callao, le HMS Beagle va rester au mouillage jusqu'au 7 septembre. L'étape péruvienne débutée au 13 juillet dernier demeure très courte, en comparaison des autres pays sud-américains visités durant le Voyage. Il n'en demeure pas moins que Darwin, comme à son habitude, se fait le témoin des sociétés locales. Et pourtant, la première impression que notre jeune naturaliste tire de Callao n'est guère motivante. La grisaille règne, en cette fin de mois de juillet. La Cordillère n'est guère visible derrière Lima, et la bruine épaisse qui lui barre la vue évoque la brume écossaise !
Pour autant, le pays est aride ; la végétation de s'épanouit que le long des canaux d'irrigation. Les maisons de terre durcie aux toits plats ne sont guère élégantes pour notre jeune britannique. Callao lui laisse l'image d'un petit port sale, misérable, mal construit. La mixité ethnique ne l'intéresse guère ; en vérité Darwin a déjà posé un jugement méprisant sur le pays, et plus grand chose ne saurait le faire changer d'avis. Le climat politique local ne fait que conforter l'aversion de Darwin pour les républiques. « Depuis la déclaration d'Indépendance, aucun état d'Amérique du Sud n'a autant souffert de l'Anarchie que le Pérou ; à présent il y a quatre chefs armés comme gouvernement suprême. Si l'un d'eux réussit à devenir très puissant, les autres se liguent contre lui un certain temps, mais pour se désunir ensuite de nouveau » Charles Darwin, Journal de Bord.
Seule la forteresse de Callao, qui tint tête à Lord Cochrane, semble présenter un semblant d'intérêt pour lui. Et les femmes de la bonne société, qui pour une fois semblent faire rougir le chaste jeune homme ! Pour ce qui concerne le souvenir du siège de Callao, Darwin tait qu'il fut remporté par les patriotes péruviens. Non point un oubli de sa part, mais l'épopée de Cochrane est alors un souvenir récent que lui comme sa famille n'ont guère besoin de se voir rappeler. Toujours est-il que le démantèlement actuel du fort semble le peiner ; en vérité aucune anecdote ne trouve grâce à ses yeux. Les femmes de Lima, qu'il croise en se rendant par la suite à la proche capitale, touchent bien plus facilement son jeune cœur. Notable exception chez le jeune Darwin. Quant aux patriotes péruviens ? A le lire, des bandits de grand chemin, des détrousseurs d'honnêtes gentlemen ! En conclusion, Darwin n'est guère séduit par cette escale. Nous verrons si ses excursions à l'intérieur des terres lui feront changer d'avis !
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Femmes de Lima, gravure du voyage de Radiguet (1840) |
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