[1833] La Licorne et le Capitaine Lowe

Le dimanche 24 mars 1833, au grand désespoir de Darwin, le séjour aux îles Malouines lui semble bien monotone. Certes, ses récentes sorties naturalistes ont été riches de fossiles de Brachiopodes et il a aussi tiré plusieurs Limicoles. Mais l'ennui le gagne peu à peu. Aussi se concentre-t-il sur les dernières affaires menées par le Capitaine FitzRoy.


Port-Louis, îles Malouines, à la fin des années 1830. Crédits : Wikipedia


Vendredi dernier, un événement a en effet brisé la monotonie des Malouines. Une Goélette de phoquier, "La Licorne" (ou Unicorn), est arrivée à Port-Louis. Elle est commandée par le Capitaine Lowe, un homme que Darwin considère comme plutôt roublard. « On dit communément qu'être phoquier, négrier ou pirate, c'est un tout » Charles Darwin, Journal de Bord. Pour le capitaine FitzRoy, l'homme est un simple phoquier traversant une mauvaise passe, puisque sa saison de chasse a été calamiteuse. Il lui propose donc un marché le 26 mars suivant : racheter la Goélette pour en faire un autre navire annexe de l'expédition du Beagle. En effet, si l'Amirauté autorise l'achat et le recrutement de l'équipage, alors le Beagle va pouvoir démultiplier sa puissance d'exploration. C'est bien entendu un pari sur l'avenir, le Capitaine FitzRoy ne pouvant qu'espérer un accord futur de l'Amirauté ! Sauf que FitzRoy essuiera au final le refus de ses supérieurs, et devra engager tout navire annexe à l'expédition sur ses propres deniers !

Mais pour le moment, FitzRoy converse aimablement avec le capitaine Lowe. Darwin quant à lui semble assez intimidé par ce personnage, comme nous l'avons vu précédemment. Les conversations tournent vite aux dernières rumeurs de navires en mer. Il apprend que plusieurs bâtiments ont tenté de doubler le cap Horn en décembre dernier, comme le fit le Beagle. Mais les tempêtes exceptionnellement violentes eurent raison de trois vaisseaux, qui se perdirent en mer ou firent naufrage. De quoi juger de sa bonne étoile ! Surtout pour un navire comme le Beagle, issu d'un modèle de brick-sloop ayant une très mauvaise réputation de stabilité en cas de forte tempête. « Peu de navires auraient mieux résisté que notre petit canard plongeur » conclue-t-il affectueusement en référence au comportement du Beagle dans les tempêtes du cap Horn !

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