[1833] Darwin, ornitho cocheur aux îles Malouines

Du 6 au 9 mars 1833, Darwin se perd dans ses centres d'intérêt spécifiques. « Pendant trois jours, j'ai vagabondé dans le pays, à casser des rochers, tirer des bécassines et ramasser les rares produits vivants dont peut s'enorgueillir cette île » Charles Darwin, Journal de Bord. Inutile de préciser qu'après ces derniers jours passés en mer, ce grand bol de nature eut certainement le meilleur effet sur son humeur ! Le bilan de ces journées naturalistes sera, pour les besoins de ce blog, découpé en deux parties. Tout d'abord quelques détails sur les Oiseaux observés durant ces journées. Puis dans un prochain article, nous reviendrons sur la géologie des Malouines.

Darwin appréciait énormément la chasse lorsqu'il était jeune homme. Cette passion s'estompa progressivement durant son voyage à bord du Beagle, dès lors que ses observations naturalistes lui demandaient un travail trop exigeant pour qu'il puisse s'encombrer d'un fusil sur le terrain. C'est aussi durant son voyage qu'il prit conscience que toute chasse devait s'inscrire dans une réflexion de prélèvement raisonnable. Le tir sportif et les tableaux de chasse basés sur la quantité de gibier tiré pour la seule satisfaction de marquer des points lui apparurent rapidement comme des loisirs aussi dévastateurs pour la faune que moralement stupides.

Mais du temps de Darwin, le matériel optique demeure de qualité assez limitée, aussi est-il bien plus pratique de tirer au fusil les spécimens afin de les décrire convenablement. C'est ce que fait Darwin durant son séjour aux Malouines. Et parmi les Limicoles de la famille des Scolopacidés répertoriés dans ses Notes Zoologiques, deux espèces furent observées et collectés durant son séjour aux îles Malouines :

Commençons par la Barge hudsonienne (Limosa haemastica), dénommée Scolopax / Limosa hudsonica à l'époque de Darwin. Bien que cet oiseau fut bien collecté, Darwin emploie le terme de Bécassine dans son Journal de Bord, ce n'est donc pas à ce limicole qu'il fait référence durant ces journées. Il est fort probable qu'il fasse alors allusion à une seconde prise : la Bécassine de Magellan (Gallinago magellanica). Elle fut décrite pour la première fois dans le Détroit de Magellan par le capitaine Philipp Parker King en 1828 durant le premier voyage du HMS Beagle. Cette espèce de Scolopacidé était alors dénommée Scolopax magellanicus.


Barge hudsonienne (Hudsonian Godwit), par Robert Havell d'après John James Audubon. Non daté. 


Bécassine de Magellan - wikipedia

Ne perdons pas de vue qu'il ne s'agit que d'une sélection des observations faunistiques de Darwin en ce mois de mars 1833. Qui plus est, le HMS Beagle retourna aux îles Malouines en 1834, nous n'en avons donc pas fini avec la biodiversité de cet archipel telle que la rapporta Darwin !

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