Darwin et la géologie des îles Malouines
En mars 1833, Charles Darwin effectue son premier séjour sur les îles Malouines. Mais ce qu'il ignore alors, c'est qu'il fut le tout premier géologue à étudier l'archipel ! Résumons dans ce billet les principales observations que le jeune naturaliste y réalisa. Commençons par les alentours de Port Louis, où le HMS Beagle est au mouillage, sont composés de roches sédimentaires très anciennes, de grès (sandstone) et d'argiles calcaires (mudstone) dans lesquelles Darwin échantillonna ses fameux fossiles de Brachiopodes. Ces spécimens sont de nos jours visibles parmi les collections du Natural History Museum.
Les dépôts sédimentaires de l'unité de Fox Bay (voir carte géologique) ont particulièrement fasciné Darwin entre les 10-17 mars 1833. Ses récoltes sont d'autant plus intéressantes que ces fossiles remonteraient à 400 millions d'années ! Dans ces temps reculés, une mer peu profonde occupait le site, et accueillait une vie marine foisonnante. Brachiopodes, Crinoïdes, Trilobites... Ces organismes désormais disparus ont laissé leur empreinte fossile sur ces roches sédimentaires très anciennes.
A noter qu'une partie de ces dépôts marins peu profonds ont ensuite métamorphisé en quartzite, il s'agit d'une roche métamorphique. Ces unités spécifiques sont présentes à l'Ouest et au Nord-Est de l'archipel ; elles datent du Silurien et Dévonien. Une des unités géologiques décrite aux îles Malouines est même baptisée tillite de FitzRoy, en hommage au capitaine du HMS Beagle. La tillite est un conglomérat de roches figées dans une matrice argilo-sablonneuse, témoignant d'une période de glaciation. Cette formation est riche d'enseignements géologiques ! Il s'agit très certainement de tillite liée à la Glaciation de Karoo (−320 à −260 millions d'années) ; période durant laquelle au moins deux épisodes glaciaires majeurs s'exercèrent depuis le pôle Sud du supercontinent Gondwana. Les Malouines étaient alors enfouies sous d'immenses glaciers.
La partie Sud-Est des Malouines, qui correspond à la formation Lafonia, est composée de roches sédimentaires (grès et mudstones) riches en carbone (de l'ordre de 40%) que l'on suppose renferment des stocks d'hydrocarbures. Ce qui pourrait générer une exploitation potentielle d'énergies fossiles ! Ce serait bien évidemment un événement majeur si ces ressources devenaient exploitables, bénédiction économique pour l'archipel et catastrophe environnementale inévitable pour ces fragiles écosystèmes.
Les paysages des Malouines sont également marqués par les compressions et chevauchements de formations, liées aux forces tectoniques. Les Hornby Mountains à la limite orientale de la Grande Malouine (West Falklands) sont ainsi issues de ces contraintes. Les fameux paysages torturés comme au Mont Maria dans les Hornby Mountains, sont nés de l'altération et de l'érosion par l'action du gel et des vents froids qui balayent les Malouines. Les dépôts érodés ont ainsi formé les fameuses "rivières de pierre" décrites par Darwin lors de son séjour.
Toutefois, nous passerons outre deux curiosités géologiques de l'archipel : les granites et gneiss des socles précambriens encore affleurant par seceurs, et les dykes d'origine magmatique (basalte et dolérite) du Mésozoïque (Jurassique). Au final, Darwin était loin de dresser un tableau des plus complets de la géologie de l'archipel des Malouines ! Mais il fut le premier à y faire résonner les coups de marteau géologique, cela valait bien l'occasion d'y revenir dans ce billet.
Carte géologique simplifiée des Îles Malouines |
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