[1832] Darwin et les Phoques de Lobos

En route pour Montevideo, Le HMS Beagle tente péniblement de remonter le golfe du Rio de la Plata depuis le 23 juillet. Cet estuaire commun aux Rio Paraná et au Rio Uruguay englobe une superficie de 35600 km². Il s'étend sur 277 km de long pour une largeur croissante de 45 km à 236 km. Au Nord du Rio de la Plata, la côte appartient à l'Uruguay. Au Sud du Rio, c'est l'Argentine. En amont, le Rio Uruguay marque la frontière entre les deux pays. Les conditions météorologiques sur le Rio de la Plata sont changeantes ; ses traîtres courants et la faible profondeur des eaux (11 m en moyenne pour 15 m maximum) en font un golfe particulièrement dangereux pour la navigation. Le 24 juillet, les vents contraires font faire du sur-place au brick-sloop ! Au 25 juillet, une brise légère amène le navire jusqu'à 6 ou 7 milles de Montevideo, l'objectif du voyage depuis Rio de Janeiro. Le lendemain 26 juillet 1832, le HMS Beagle entre enfin dans la baie de Montevideo vers 9 heures du matin.



Pendant ces jours de navigation pénible, Darwin s'occupe l'esprit comme il peut. Le temps s'est sensiblement rafraîchi : le thermomètre est au-dessus de 10°C. Darwin en vient à regretter la chaude moiteur tropicale du Brésil ! Depuis le navire, il s'intéresse de près à la turbidité des eaux du golfe du Rio de la Plata. Les eaux salées étant plus denses que l'eau douce des deux Rios, il se produit une curieuse stratification. L'eau turbide riche en sédiments terrestres se trouve en surface, tandis que l'eau de mer claire se situe sous cette couche. Le sillage du navire brise cette stratification et fait remonter l'eau salée en surface, « on pouvait voir une ligne bleue se mêler au liquide adjacent en petits tourbillons. Dans ce cas, au lieu de faire remonter la boue, c'était le contraire : c'était l'eau claire qui remontait » Charles Darwin, Journal de Bord.

Au 25 juillet 1832, Darwin rapporte que le HMS Beagle passe entre la ville de Maldonado et l'île de Lobos, cette position étant située à l'Est de Montevideo. Il note rapidement que la petite île est couverte de phoques. C'est donc un rendez-vous manqué avec les colonies de Pinnipèdes qui la peuplent. L'Île de Lobos forme de nos jours avec l'île voisine de Gorriti une Réserve Naturelle abritant d'importantes population d'Otarie à crinière (Otaria flavescens) et d'Otarie à fourrure australe (Arctocephalus australis). Il y a une vingtaine d'années, on dénombrait pas moins de 250 000 Otaries à crinière ! Des Éléphants de mer du sud (Mirounga leonina) sont également signalés régulièrement sur cette île. Les Cétacés sont également observables lors de session de whale watching : Orques (Orcinus orca) et des Baleines franches australes (Eubalaena australis). Il y aurait même croisé, avec un peu de chance, ses premiers Iguanes marins ! Hélas, la récente pandémie d'influenza aviaire a lourdement frappé les côtes d'Amérique méridionale, infectant aussi bien les Oiseaux que les Mammifères marins. Il faudra attendre encore quelques temps avant que les biologistes ne dressent le bilan de cette hécatombe faunistique.


L'estran de l'île Lobos et ses Otaries - Wikipedia (Diego Tirira, 1999)

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