[1835] Étape naturaliste à San Cristobal
Le 17 septembre 1835, le HMS Beagle mouille devant la baie de St Stephen sur l'île de San Cristobal. Comment ne pas penser au film Master and Commander à l'évocation de la très prolifique faune côtière, et même du baleinier américain croisant lui aussi dans ces eaux ! Darwin est aux anges. La géologie de l'archipel des Galápagos est tout aussi prometteuse que sa biodiversité. L'équipage en profite plus trivialement pour se ravitailler en chair fraîche. Les tortues marines et terrestres y pullulent, et rempliront les stocks de vivres du brick-sloop. Darwin ne rate pas non plus les célèbres iguanes marins, qu'il décrit dans son Journal de Bord comme des '' lézards patauds '' : « ils sont aussi noirs que les rochers poreux sur lesquels ils se traînent et d'où ils cherchent leur proie venue de la mer ».
Ichtyologie, ornithologie, herpétologie, botanique, Darwin n'a guère le temps de flâner ! Cependant, et contrairement à une idée reçue, notre jeune naturaliste ne fut pas le premier scientifique à débarquer dans l'archipel. Cet honneur revint à la mission du Capitaine sicilien Alessandro Malaspina, qui naviguait pour le Roi d'Espagne Charles IV (1790). Darwin ne pouvait connaître les comptes-rendus de cette expédition, puisque Malaspina tombé en disgrâce fut emprisonné de 1795 à 1802, et ses rapports publiés qu'à la fin du XIXème siècle ! Darwin ne fut pas non plus le premier naturaliste britannique à arpenter les Galápagos. Il fut précédé dès 1793 par l'anglais James Colnett, qui dressa un premier inventaire de la faine et de la flore, ainsi qu'une première carte maritime de l'archipel. Colnett, dans ses comptes-rendus, suggéra d'utiliser la faune de ces îles comme garde-manger, conseil que les navires voguant dans ces eaux ne manquèrent pas de suivre, hélas. Darwin lui-même vente les centaines de tortues qu'un seul équipage peut capturer en une seule escale ! Quatre autres naturalistes britanniques se rendirent également dans l'archipel avant Darwin. Les botanistes Scouler, Hauwell et Douglas en 1825, puis le naturaliste Cuming en 1829. Et pourtant, aucun d'entre-eux n'eut par la suite l'idée lumineuse d'associer la diversité faunistique des Galápagos à une hypothèse transformiste du Vivant !
Il faut bien reconnaître que l'escale de Darwin aux Galapagos de 1835 demeure l'étude naturaliste la plus complète alors, puisqu'elle comprend aussi bien une étude géologique qu'une inspection faunistique et floristique. Et il s'en donne à cœur joie ! Le 21 septembre, Darwin cite – rare occurrence – son domestique Syms Covington, qui l'assiste ce jour-là dans ses relevés géologiques. Dans ce paysage antédiluvien de cheminées volcaniques, les deux explorateurs croisent deux énormes tortues terrestres. Quel amusement de lire Darwin associer ces reptiles nonchalants aux plus vieux Vertébrés que la Terre eut, selon lui, porté ! Première étape naturaliste particulièrement prolifique, donc. Et qui s'inscrira progressivement dans la célèbre collecte de spécimens de pinsons des Galápagos ...
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