[1846] Une conclusion à la géologie de l'Amérique du Sud
Alors que Darwin quitte le continent pour rallier les Galápagos, je ne résiste pas au plaisir de poster cet extrait de la conclusion du dernier chapitre de ses Geological observations on South America (1846). Ce paragraphe, étonnamment moderne dans son écriture, est en définitive le triomphe de l'actualisme de Lyell, que Darwin vient de valider de part son travail de terrain. Nous sommes à l'aube de la géologie actuelle, puisque désormais le catastrophisme va progressivement être abandonné par la communauté scientifique du XIXème siècle. Darwin ne fut pas seulement le précurseur de la biologie de l'évolution. Il consolida la révolution scientifique initiée par Lyell en lui apportant ses premières découvertes majeures.
« En Amérique du Sud, tout s'est déroulé à grande échelle, et tous les phénomènes géologiques sont encore actifs. Nous connaissons la violence actuelle des tremblements de terre, nous avons constaté l'ampleur de l'élévation de la région, et les plaines d'origine tertiaire sont immenses ; une ligne presque droite peut être tracée depuis la Terre de Feu sur 2 600 kilomètres vers le nord, et probablement sur une distance bien plus grande, qui ne recoupera aucune formation plus ancienne que les dépôts patagoniens ; le soulèvement des couches a été si régulier que, sur toute cette longue ligne, aucune faille de stratification ni dislocation abrupte n'a été observée. Si l'on considère les roches basales, métamorphiques et plutoniques du continent, les zones qui en sont constituées sont également vastes ; leurs plans de clivage et de foliation s'étendent sur des espaces étonnamment vastes et dans des directions uniformes. La Cordillère, avec ses pinacles s'élevant çà et là à plus de 6 000 mètres au-dessus du niveau de la mer, s'étend en une ligne ininterrompue depuis la Terre de Feu, apparemment jusqu'au cercle polaire arctique. Cette vaste chaîne a subi à la fois les dislocations les plus violentes et de lents, quoique importants, mouvements de masse ascendants et descendants. Je ne sais si le spectacle de ses immenses vallées, avec ses massifs montagneux autrefois liquéfiés et intrusifs, aujourd'hui dénudés et entrecoupés, ou si la vue de ces plaines, composées de galets et de sédiments dérivés de là, qui s'étendent jusqu'aux confins de l'océan Atlantique, est le plus à même de susciter notre étonnement devant l'ampleur de l'usure subie par ces montagnes ».
Deux mots-clés sont disponibles sur ce blog pour en savoir plus : vous pouvez explorer la #géologie et la #paléontologie du Voyage de Darwin à bord du HMS Beagle en cliquant sur chaque lien hypertexte.
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| Carte géologique de la Patagonie, basée sur une copie des travaux cartographiques de la première expédition du HMS Beagle, et coloriée à la main par Charles Darwin |

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