[1835] L'arrivée du HMS Beagle en Nouvelle-Zélande
Le 19 décembre 1835, le HMS Beagle arrive en vue des côtes de la Nouvelle-Zélande. Au 21 décembre, le brick-sloop se trouve dans la Baie des Îles, à l'extrême Nord de l'île du Nord, dans la région de Northland. Difficile de faire plus septentrional ! Le paysage de forêts et de landes de fougères tranche avec les atolls polynésiens des dernières semaines. Trois Baleiniers sont aussi à l'ancre, et des pirogues traversent paisiblement la baie. Dans l'après-midi, Darwin et quelques officiers vont se rendre à terre, direction le village de Pahia et la résidence des missionnaires locaux.
Darwin s'extasie devant les cottages anglais qui ponctuent le paysage. Et pour cause, ils semblent tout droit sortis de la campagne anglaise ! Leur architecture typique dénote avec les habitations indigènes. Et pourtant, les deux civilisations présentes sont tout deux issues d'une colonisation tardive de l'archipel. Les Maori ne sont arrivés qu'au court du XIIIème et XIVème siècle. Le navigateur néerlandais Abel Tasman atteint ces côtes lointaines seulement trois siècles plus tard, en 1642. Aucun autre Européen ne visite ensuite la Nouvelle-Zélande jusqu'au Capitaine Cook, en 1769, qui réalise une cartographie de l'archipel. Le territoire reste pour autant non-revendiqué, et diverses expéditions (espagnoles et françaises) tentent de reproduire les exploits britanniques dans un moindre succès. Outre les massacres de Maori, ces terres lointaines servent d'escale aux Baleiniers et Phoquiers, qui pratiquent sans vergogne le troc sexuel loin de toute juridiction ou morale chrétienne.
Il faut attendre 1814 pour qu'une réelle colonisation européenne ne débute. La première expédition de missionnaires, commandé par Thomas Hansen, débarque cette année-là. Le territoire, revendiqué alors depuis 1780 par la Couronne britannique, attire cependant les convoitises françaises. Les missionnaires britanniques ont permis l'instauration de premiers liens diplomatiques avec les tribus Maori, qui face à l'arrivée de navires français, sollicitent par leur intermédiaire la protection de la Couronne britannique. D'une certaine manière, la stratégie politique britannique en Nouvelle-Zélande n'est pas sans rappeler celle menée à Tahiti. Mais les démarches entreprises et leurs résultats demeurent beaucoup trop complexes pour réellement déclarer l'Angleterre victorieuse face à la France.
Le monarque du Royaume-Uni, Guillaume IV, s'inquiète de la présence française dans l'archipel et envoie en 1833 un Représentant officiel, James Busby. La stratégie britannique se veut d'abord favorable aux Maori. Busby encourage la création d'un état indépendant, les Tribus unies de Nouvelle-Zélande, dont la fondation date de 1835. Les Maori prospèrent alors sous l'influence de leurs alliés britanniques, développent une flotte de commerce, et leur jeune nation ne tarde pas à être reconnue. Mais les Britanniques avancent à visage caché. En 1840, le le traité de Waitangi inverse cette marche autonomiste. La Nouvelle-Zélande passe sous autorité anglaise, et un gouvernement colonial britannique est mis en place. La vente de terres Maori entérine cette dépossession progressive des tribus autochtones. Inévitablement, la spoliation débouche sur des conflits armés. Ce sont les fameuses Guerres Maori (1845 – 1872). Si la Nouvelle-Zélande va progressivement devenir autonome puis indépendante au sein du Dominion britannique, la situation des Maori ne va guère se régler en leur avantage. Comme tous les peuples aborigènes, leurs droits demeurent spoliée, leur culture oubliée pour beaucoup d'entre eux. Tribus riches et prospèrent alors que le HMS Beagle aborde l'archipel, les Maori connaissent aujourd'hui une crise sociale et culturelle, à l'image des autres peuples autochtones de la planète, victimes de la Colonisation européenne.
![]() |
| Représentation Maori d'échanges commerciaux avec des Britanniques (vers 1769) |

Commentaires
Enregistrer un commentaire