[1832] L'étonnant Glyptodon cuirassé

Début octobre 1832, alors qu'il prospecte le site fossilifère de Punta Alta, Darwin déterre « une carapace osseuse à compartiments, ressemblant beaucoup à celle d'un Tatou » Charles Darwin, 'Voyage d'un Naturaliste autour du Monde. Lorsque le grand savant Richard Owen identifia les Mammifères fossiles ramenés par le Beagle, cette carapace l'intéressa d'autant plus qu'il s'agissait alors d'un nouveau taxon fossile ! Baptisé Glyptodon (Owen, 1839), notre Tatou géant était appelé à profondément marquer l'imaginaire des savants et du grand public.

Autrefois classé parmi l'ordre des Edentés, le Glyptodon a fait l'objet de remaniements phylogéniques importants au cours des décennies passées. Delsuc et al. (2016) ont ainsi prélevé des séquences d'ADN ancien sur les ossements les plus récents datant de 12.000 ans. Puis en comparant ce matériel moléculaire à différents Mammifères terrestres apparentés, les chercheurs ont estimé que le taxon des Glyptodons avaient divergé de son ancêtre commun voici 35 millions d'années. Classés désormais dans le super-Ordre des Xénarthres, qui remplace les Endentés, leurs plus proches cousins actuels sont tout comme eux de la famille des Chlamyphoridés, les Tatous modernes d'Amérique.

Ce géant herbivore en armure de plaques osseuses pouvait dépasser les 3 mètres de long, pour un poids de 1400 kg. Apparu au cours de l'Eocène, il était très répandu dans les savanes d'Amérique du Sud dès Pliocène. L'Homme est clairement responsable de sa disparition, voici 11.000 ans. Considéré comme un cuirassé sur pattes, son étrange carapace articulée s'achevait en anneaux mobiles caudaux. Pour autant, cette protection n'était pas parfaite, notamment au niveau de sa nuque découverte. Les fossiles de Glyptodons juvéniles présentent des traces mortelles de morsures de jaguars. Quant aux premiers Amérindiens, ils n'eurent aucun mal à chasser cette forteresse mobile de chair fraîche.

Glyptodon restitué par le paléoartiste Heinrich Harder (1920)