Darwin et le Darwinisme - Patrick Tort

Continuons la lecture des ouvrages de vulgarisation de Patrick Tort avec ce célèbre ouvrage de la collection Que sais-je ? aux éditions PUF. La septième édition (2022) chroniquée ici est agrémentée d'une illustration de couverture peu engageante, puisqu'elle met à l'honneur l'adage trompeur de l'homme descendant du singe, soit une évolution linéaire et finaliste de la lignée humaine. Cela commence mal. Mais rassurons-nous, le graphiste de l'éditeur n'ayant aucune influence sur l'auteur, le contenu de ce court livre devrait être bien plus pertinent.

Or heureusement, le fond sauve bien la forme ! Commençant par une mise en perspective biographique, Patrick Tort aborde ensuite et de manière synthétique chaque œuvre majeure de Darwin, dans l'ordre chronologique. Ici, point de sciences naturelles à proprement parler, mais une mise en perspective de la logique déductive de Darwin. N'oublions pas que ce tome de la collection Que sais-je ? est classé dans la catégorie Philosophie.

Et très vite, Patrick Tort rentre dans le vif du sujet : la méconnaissance et le dévoiement des textes de Darwin sur l'évolution biologique et humaine. La phrase fera sans doute tiquer les biologistes, tant l'évolutionnisme leur est désormais familier. Cependant, ils sont peu à connaître réellement Darwin dans le texte, combien ignorent même que le grand naturaliste écrivit d'autres ouvrages tout aussi majeurs que "L'Origine des Espèces" ? Le défi est donc relevé. En 120 pages, Patrick Tort replace la sélection naturelle, mais aussi la sélection artificielle "La Variation des animaux et des plantes à l’état domestique", l'effet réversif de l'évolution humaine et la sélection sexuelle "La Filiation de l'homme et la Sélection liée au sexe", l'éthologie évolutive et la psychologie humaine "L’Expression des émotions chez l’Homme et les animaux". Autant d'œuvres cruciales jalonnant la pensée progressiste de Darwin.

Pourtant, Darwin n'a jamais été aussi méconnu qu'en ce début du XXIème siècle. On doute de son argumentation, on l'accuse de racisme, d'anti-féminisme, on l'assimile au "darwinisme social" de Spencer, à l'eugénisme de Galton. Des accusations fausse, infondées, qui témoignent à quel point la pensée darwinienne s'est effacée devant ces faussaires. Mais que faire contre ces "post-vérités", pour reprendre la formule actuelle ? Lire, encore et toujours. Et comprendre Darwin dans le texte. Nous n'avons jamais eu autant besoin de résilience intellectuelle : penser, c'est progresser, c'est résister.

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