[1835] Bivouac sur l'île James
Le 2 octobre, le HMS Beagle poursuit la cartographie des îles de l'archipel des Galápagos. Il aborde ainsi les îles Pinta, Genovesa et Marchena. Puis au 8 octobre 1835, il atteint en louvoyant l’île James (ou Isla Santiago en espagnol). L'équipage retrouve M. Sulivan, M. Bynoe et trois hommes. Darwin décide de descendre à terre pour retrouver ce petit groupe d'explorateur. Ensemble, ils vont bivouaquer sur place en attendant le retour du Beagle de l'île San Cristobal. Outre la mission scientifique du navire, le capitaine FitzRoy espère s'y ravitailler en eau. En effet, les sources découvertes sur les autres îles ont un débit si faible que cette corvée n'a pu être menée à bien. La pénurie d'eau potable menace, et les rations quotidiennes ont dû être réduites de moitié !
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Iguane terrestre des Galapagos (Conolophus subcristatus). Source : Wikipedia |
En attendant le retour du brick-sloop au 19 octobre, Darwin et ses compagnons vont explorer l'intérieur de l'île. La végétation y est plus haute, et Darwin parle même de couverture forestière. Sur place, un groupe de chasseurs dépêchés par le Gouverneur local s'active à saler la viande de tortue. Poursuivant leur périple, nos explorateurs anglais trouvent des sources d'eau fraîche ! Sur place, Darwin étudie avec attention les coulées de lave. C'est durant cette robinsonnade qu'il décrira la composition minéralogique graduelle d'une de ces coulées, évoquant déjà la cristallisation fractionnée. Mais son esprit ne se limite pas à la géologie, tant il y a de choses à observer ! Il ramasse bon nombre de végétaux, ceux-là même que Hooker identifiera quelques années plus tard. Les tortues terrestres sont omniprésentes. Il suffit de les suivre pour trouver quelques points d'eau. Les iguanes terrestres rajoutent un air préhistorique à cette faune exotique. Ce sont des herbivores, qui se régalent de baies et de feuilles. Ils apprécient énormément les cactus juteux, et se battent « comme des chiens pour en avoir un morceau, qu'ils s'arrachent l'un à l'autre » Charles Darwin, Journal de Bord.
Les chasseurs du Gouverneur se montrent fort généreux, régalant nos explorateurs de chair de tortue frite dans l'huile de l'animal. On cuit même leur viande à la façon de la « carne con cuero » des Gauchos argentins, c'est-à-dire en la grillant sur sa peau. C'est alors très bon, se souvient Darwin. Pour autant, le jeune homme préfère la soupe de jeunes tortues ; « autrement la chair de tortue est – à mon goût - médiocre ». Chacun appréciera ces informations, alors que la sur-chasse des tortues géantes a bien failli leur être fatale. Le 11 octobre, visite en canot d'un cratère à demi englouti le long de la côte. L'endroit est magnifique, en raison des dépôts de sel cristallin qui brillent au soleil. Le lieu a également mauvaise réputation. Il y a quelques années de cela, un capitaine d'un Phoquier fut assassiné par son équipage. Son crâne gît encore non loin de là, dans la végétation.
Le 12 octobre, Darwin et son assistant sont fort occupés à collecter toute sorte de spécimens. Il reste encore peu de temps avant le retour du Beagle. Le 16 octobre, sous une chaleur accablante, nos explorateurs s'activent sur la plage de sable noir volcanique. Darwin s'accorde un moment pour mesurer la température : le sable chauffe à 60°C ! « le sable noir est bien plus chaud au toucher, si bien que, même avec des bottes épaisses, il est très désagréable d'y marcher ». Le 17 octobre, enfin, dans l'après-midi, le Beagle envoie ses embarcations pour les conduire à bord. Une fois l'ancre levée, il se dirige à nouveau vers l'île Pinta, la plus septentrionale de l'archipel. La dernière escale terrestre de Darwin aux Galápagos vient de s'achever.
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Coulée de lave sur l'île James (Wikipedia) |
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