[1834] Excursion en canots sur la côte orientale de Chiloé (1/4)
Le 10 novembre 1834, le HMS Beagle fait voile vers l'île de Chiloé. Il atteint sa destination le 21 novembre. Ce retour à San Carlos s'annonce sans surprises : le temps est plutôt plaisant, ensoleillé même, avant que la pluie ne revienne dans la nuit. Les torrents d'eau et les bourrasques de vent sont un pénible rappel de la rude hospitalité de cette île de la Patagonie chilienne.
Le capitaine FitzRoy est retourné sur ses pas afin d'améliorer la cartographie de l'île. Aussi le 24 novembre, la yole et une baleinière sont mises à l'eau sous le commandement de M. Sulivan. Elles vont naviguer jusqu'à la côte orientale de Chiloé et vérifier les précédents relevés cartographiques. Puis, à l'extrémité Sud de l'île de San Pedro (pointe Sud-Est de Chiloé), les deux embarcations retrouveront le Beagle. Darwin accompagne l'expédition, mais rejoint les embarcations au soir du premier jour de périple après avoir chevauché jusqu'à Chacao. La route n'est pas trop mauvaise, ce qui reste plutôt exceptionnel pour l'époque sur l'île. En effet, les forêts sont tellement sombres et humides que le sol est constamment détrempé. Aussi, seules les routes couvertes de rondins sont praticables. Heureusement pour Darwin, c'est le cas de la route de Chacao, et il rejoint ses compagnons alors qu'ils installent leur campement pour la nuit.
La petite bourgade de Chacao était autrefois le port principal de l'île. Mais les courants et écueils eurent raisons de nombreux navires, aussi le vice-roi espagnol décida de transférer les installations portuaires à San Carlos. Pour inciter le plus grand nombre d'habitants à déménager, les autorités mirent le feu à l'église ! Mais il faut croire que cette solution radicale ne suffit pas à convaincre tous les habitants, puisque Chacao demeure encore peuplée. La bourgade abrite d'ailleurs le Gouverneur de Chiloé. L'accueil qui leur est réservé est des plus insolites. Les marins du Beagle tombent d'abord sur le fils du Gouverneur, qui leur demande pieds-nus s'ils sont venus revendiquer l'île au nom de la couronne britannique ! D'autres habitants espèrent qu'il s'agit de l'avant-garde d'une armada de reconquête espagnole. Darwin en est convaincu, les insulaires de Chiloé sont tellement déçus de leur sort qu'il ne faudrait pas beaucoup d'hommes à la couronne espagnole pour reprendre l'archipel.
Heureusement, le Gouverneur a été informé de l'expédition, et les gratifie d'une courtoise visite. La grande misère de cet homme de pouvoir reste à l'image de l'île. Cet ancien lieutenant-colonel de l'armée espagnole ne peut guère faire mieux que du troc avec l'équipage, tel un Amérindien face à des Européens. Aussi fournit-il deux moutons en échange de deux mouchoirs de coton, quelques babioles de cuivre et du tabac ! Le lendemain 25 novembre, la yole et la baleinière voguent de nouveau le long des côtes de Chiloé. Ils poursuivent jusqu'à l'île Huapi-lenu, paysage monotone de plaines de faible altitude. Le jour suivant va heureusement se révéler bien plus intéressant !
Excursion en canots sur la côte orientale de Chiloé (24 nov. - 7 déc. 1834) |
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