[1835] Premiers pas aventureux à Tahiti

Le 17 novembre 1835, Darwin débute son exploration naturaliste de Tahiti. Son attention se porte bien entendu sur l'origine volcanique de l'île, ainsi que sur sa luxuriante végétation. A la fin de cette première journée, il se délecte d'ananas, de bananes chaudes grillées et de lait de noix de coco. L'autochtone qui le régale ainsi semble disposé à l'aider dans ses vagabondages, aussi convint-il avec M. Wilson, le missionnaire local, qu'il lui servirait de guide au cours de son séjour.

Notez qu'entre le précédent billet et celui-ci, il ne s'est déroulé qu'une seule nuit à Tahiti. Si Darwin « saute » le 16 novembre, c'est parce que le HMS Beagle, en provenance d'Amérique du Sud, a franchi la ligne symbolique du changement de date ! Notre jeune naturaliste met donc à jour son Journal de Bord. Au 18 novembre, troisième jour à Tahiti, Darwin se rend à terre au matin de bonne heure, bien résolu à poursuivre ses investigations naturalistes. Rare mention faite, Darwin nous précise que Syms Covington l'accompagne à terre. Quant à leurs vivres et affaires, des porteurs tahitiens s'en chargeront. L'itinéraire emprunté passe par la vallée de Tua-uru, qui offre un panorama magnifique sur l'île. Remontant le fleuve, ils serpentent dans des gorges étroites et profondes.


La vallée de Tua-uru, peinture de John Webber (1777)


Le premier jour d'expédition se résume à un parcours du combattant, une aventure que Mike Horn n'aurait pas renié ! Les guides tahitiens se révèlent d'incroyables acrobates, aussi à l'aise dans l'eau que dans la végétation. Inutile de préciser au combien l'expérience façonnera l'idée darwinienne selon laquelle les peuplades s'adaptent également à leurs milieux. Le soir, ils tirent avec aisance leur repas de cette végétation luxuriante. Darwin en profite pour flâner au crépuscule, admiratif de cette végétation si déroutante pour lui. Rien, pas même la forêt tropicale brésilienne, ne l'avait préparé à un tel dépaysement !

Le 19 novembre 1835, après la prière du matin et le petit déjeuner, l'aventure continue. Darwin insiste sur le quotidien de ces tahitiens envoyés par le missionnaire M. Wilson comme un éthologue étudiant l'évangélisation d'un peuple autochtone. Qu'il ait participé au culte matinal ou non importe peu ; il se concentre avant tout sur la chrétienté feinte des Tahitiens, plus enclins à ''feindre leur foi'' devant le missionnaire anglais qu'à craindre la colère divine ! Le plus grand fléau occidental demeure pour Darwin l'introduction de l'alcool sur cette île polynésienne. La Reine Pomare IV a fortement encouragé les mesures de prohibition suggérées par les missionnaires, aussi l'ivrognerie semble être bannie de l'île. En réalité, les Tahitiens boivent en cachette, mais plus modérément que les aborigènes d'Amérique. Ce dont Darwin se félicite. Malheureusement, et comme il le confie à demi-mot, tout ceci demeure une conséquence du ''choc culturel'' européen. La destruction irréversible des cultures autochtones sous les coups de butoir occidentaux se joue une fois plus devant lui.

Durant la journée du 20 novembre, Darwin est de retour à bord du HMS Beagle. Le navire s'est déplacé de quatre milles jusqu'au port de Papawa afin de se ravitailler en eau. C'est là que notre jeune naturaliste le rejoint. Au lendemain, il revient mouiller dans la baie de Matavai ; Darwin en profite pour effectuer une dernière promenade avant que le navire fait voile en direction de Papeete.

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