[1834] Fin de l'année au Nord de l'archipel de Chonos
Suivant la côte vers le Nord, le HMS Beagle atteint l'île de Yuche au-dessus de la presqu'île de Tres-Montes. Le 29 décembre 1834, le brick-sloop mouille devant l'île. Et le lendemain, Darwin participe à une expédition à terre. L'île est peuplée de chèvres, certainement laissées là par une ancienne mission espagnole. La pratique était autrefois courante, car elle permettait de laisser prospérer une population caprine pour fournir de la viande fraîche aux navires de passage. Ce dont l'équipage ne manque pas de profiter en tirant deux chèvres !
Notons brièvement qu'il ne s'agit nullement des chèvres insulaires que relatait Dampier dans ses récits de voyage, et que cite indirectement Malthus dans son ''Essai sur le Principe de Population''. Le récit de l'expédition Anson rapporte qu'au large du Chili sur l'île de Juan Fernandez, il existait une concurrence sévère entre les chèvres et les chiens relâchés sur l'île. Les chèvres avaient été relâchées cette fois-ci par les Britanniques, tandis que les Espagnols avaient introduit de gros chiens pour détruire cette ressource de chair fraîche. Le lecteur intéressé par le compte-rendu « écologique » de ces introductions successives et les influences de cette anecdote sur Malthus et Darwin pourra consulter ce billet de blog.
Mais revenons à cette fin d'année 1834. Les marins du Beagle ne croisent personne sur l'île de Yuche. Un campement abandonné démontre cependant que le lieu est connu des chasseurs de phoques. Dans la soirée, ils quittent leur mouillage pour une anse bien abritée , au pied des hautes collines de Chonos. Le 31 décembre, fidèle à son habitude, Darwin escalade ces sommets ! Du haut de leur 730 mètres d'altitude, la vue est splendide. De nouveau, Darwin remarque la présence de granite dans la région. Couverts de gneiss schisteux, et bien que classiques à identifier, ces affleurements demeurent encore difficiles à expliquer en ce début du XIXème siècle. Darwin fait cependant remarque que le granite est alors considéré comme la couche la plus profonde de la croûte terrestre. C'est la « roche fondamentale », qui a l'air de remonter « au commencement du monde ». Mais ces conclusions sont bien maigres et témoignent d'une balbutiante compréhension de la géodynamique. « En toute matière, la limite de la connaissance humaine offre un grand intérêt, accru peut-être par le tout proche voisinage du royaume de l'imagination » écrit Darwin dans son Journal de Bord, en conclusion de cette année 1834.
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Réplique grandeur nature du HMS Beagle (2016) par le Museo Nao Victoria à Punta Arenas (Chili). |
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