[1835] Randonnée à cheval sur la côte Ouest de Chiloé (1/2)

 Le 22 janvier 1835, « comme le Capitaine FitzRoy était désireux de faire quelques relevés le long de la côte extérieure de Chiloé, on a organisé une expédition » Charles Darwin, Journal de Bord. Notre jeune naturaliste, accompagné de l'Aspirant King, iront à cheval jusqu'à Castro, et de là, gagneront Capilla de Cucao, sur la côte Ouest. Après avoir loué chevaux et guide, les deux aventuriers se mettent en selle ! Mais n'imaginez pas de grande chevauchée épique, en réalité les deux jeunes gentlemen rejoignent une caravane de voyageurs, composée d'une femme et de deux garçons, qui effectuent le même voyage.

L'ambiance est à la camaraderie, et chose remarquable pour l'époque, la route suffisamment sûre pour qu'ils ne s'arment pas. La route, comme déjà décrit par Darwin, est faite de rondins pour éviter de s'enfoncer dans la boue. Comme c'est l'été, le chemin reste praticable, alors que l'hiver, le bois est glissant et la route souvent inondée ! Et malgré cela, les chevaux n'ont aucun mal à parcourir ces chemins infects. L'agilité de leur pas a de quoi surprendre nos deux jeunes anglais !

Quant à l'utilité de cette route, je laisse le lecteur en juger : « l'ouverture de cette route a dû nécessiter des travaux considérables. On m'a raconté que de nombreuses personnes avaient péri en tentant de traverser la forêt, et que le premier qui y parvint était un indien qui, en 8 jours, se fraya un chemin à travers les bambous pour atteindre San Carlos ». Charles Darwin, op. cit. Remarquez qu'il n'y a nuls bambous sur cette île, et qu'il s'agit certainement d'une façon de parler des taillis et futaies inexpugnables. Les travaux furent donc colossaux pour défricher cette route, la niveler et paver de rondins perpendiculaires à la voie. Et pourtant, aussi modeste soit-il, le commerce tire un réel bénéfice de ce chemin forestier. Les fermiers et marchands amènent leurs récoltes à San Carlos, pour y acheter vêtements, piments et divers articles qu'ils ramènent jusqu'aux fermes et hameaux les plus éloignés.

Pour ce premier jour de randonnée à cheval, l'air fut agréable, les fleurs égaient les sous-bois de Chiloé et la verdure cacherait presque la quantité de bois mort. La nature y semble foisonnante, luxuriante à sa façon, pour un climat humide tempéré. Mais l'un des plus grands plaisirs de Darwin demeure le bivouac en fin de journée, et le spectacle unique d'un ciel nocturne illuminé de milliers d'étoiles.

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