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[1834] Excursion en canots sur la côte orientale de Chiloé (1/4)

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Le 10 novembre 1834, le HMS Beagle fait voile vers l'île de Chiloé. Il atteint sa destination le 21 novembre. Le retour à San Carlos demeure sans surprises : le temps est plutôt plaisant, ensoleillé même, avant que la pluie ne revienne dans la nuit. Les torrents d'eau et les bourrasques de vent sont un pénible rappel de l'hospitalité de cette île de la Patagonie chilienne. Le capitaine FitzRoy est retourné sur ses pas afin d'améliorer la cartographie de l'île. Aussi le 24 novembre, la yole et une baleinière sont mises à l'eau sous le commandement de M. Sulivan. Elles vont naviguer jusqu'à la côte orientale de Chiloé et vérifier les relevés cartographiques. Puis, à l'extrémité Sud de l'île de San Pedro (pointe Sud-Est de Chiloé), les deux embarcations retrouveront le Beagle . Darwin accompagne l'expédition, mais rejoint les embarcations au second jour de périple après avoir chevauché jusqu'à Chacao. La route n'est pas trop mauvaise, ce

[1834] Crise de nerfs à bord du HMS Beagle

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Le 10 novembre 1834, le HMS Beagle fait voile vers Chiloé. Le capitaine FitzRoy a accepté de retarder le départ prévu en octobre pendant que Darwin était en convalescence chez M. Corfield à Valparaiso . «  J'y gardai le lit jusqu'à la fin octobre. Ce fut une sérieuse perte de temps car j'avais espéré collecter de nombreux animaux. Très obligeamment, le Capitaine FitzRoy retarda le départ du Navire jusqu'au 10 novembre, date à laquelle je fus tout à fait rétabli  » Charles Darwin, Journal de Bord. Il s'agit vraisemblablement de la première crise majeure de la maladie qui l'affecta tout au long de sa vie . Lorsqu'il rembarque à bord, notre jeune homme fraîchement remis sur pied découvre quelques changements dans l'organisation de l'expédition. Premièrement, l' Adventure a été vendu. Et deuxièmement, le retour de M. Wickham et de son équipage entraîne un tel manque de place que M. Martens, l'artiste à bord, a dû quitter le Beagle . Mais Dar

[1833] A la pêche aux Daphnies

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En ce mois de juillet 1833, Darwin est toujours à Maldonado, en Uruguay. Pendant que l'équipage du HMS Beagle est occupé aux travaux de rénovation de la Goélette l' Unicorn que le capitaine FitzRoy a acheté quelques semaines auparavant, notre jeune naturaliste parcourt la région à la recherche de spécimens à étudier. Renouant avec sa passion adolescente pour la biologie marine, il rejoint l'estran de l'île de Gorriti face à Maldonado afin d'étudier l'écosystème qu'accueille ses rives saumâtres. Parmi des touffes algues vertes dont les échantillons ne se sont malheureusement pas correctement conservés pour être herborisés, Darwin recueille de minuscules Crustacés : des Branchiopodes et des Ostracodes. Notre jeune homme s'intéresse alors plus particulièrement aux représentants du premier taxon : des Daphnies en grand nombre sur les filaments d'algues vertes. Il en conserva quelques spécimens dans de l'alcool (collection n° 727). A bord du Beagl

[1833] Les tubes de foudre de Darwin

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La lecture des Zoology Notes de Charles Darwin peut se révéler des plus surprenantes; comme lors de son séjour à Maldonado en juin1833 et ses investigations des dunes de sable de la lagune del Portrero. Voici qu'il décrit, avec minutie, un phénomène géologique et météorologique entre deux observations zoologiques ! Mais quelle découverte a pu marquer son esprit au point de mélanger les entrées dans ses carnets de terrain ? Il s'agit de fulgurites, aussi appelés "tubes de foudre", que Darwin eut tôt fait ici de ne pas confondre avec des traces fossilisées de racines végétales ou l’œuvre d'un quelconque ver marin. Au cours de sa découverte, Darwin décrit avec précision ces formations minérales. Il remarque d'abord des fragments amorphes sur le sable, et comprend rapidement qu'il s'agit de tubes siliceux mis à nu par le mouvement naturel des dunes côtières. Puis, trouvant d'autres concrétions similaires encore cachées dans le sable, il prend soin d

Robert FitzRoy, icône créationniste ?

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Personnage ombrageux, mais marin d'exception et scientifique visionnaire, Robert FitzRoy était aussi un fervent chrétien. Ses opinions religieuses n'ayant eu de cesse de diverger de celles de Darwin au cours de sa vie, le destin des deux hommes est souvent comparé. Le célèbre Capitaine du HMS Beagle , d'un esprit croyant mais sceptique avant le second Voyage du HMS Beagle , adopta un chrétien radical et même un fervent adversaire de l' Origine des Espèces  ! Sa foi très orthodoxe ne manqua pas d'interpeller les auteurs créationnistes, qui ont cru voir en FitzRoy une figure contrebalançant l'athéisme matérialiste de Darwin. Mais FitzRoy est-il vraiment ce « chevalier blanc » pourfendeur du darwinisme que ces auteurs nous présentent ? Dans cet article, je vous propose de revenir aux origines du radicalisme religieux de FitzRoy, avant de comparer sa démarche intellectuelle à celle de Darwin. Nous pourrons ainsi répondre à la question qui nous intéresse ici : Robert

Robert FitzRoy : météorologue et fin de vie

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Nous avons déjà vu à plusieurs reprises que le Capitaine FitzRoy était un scientifique, cartographe et météorologue. Il contribua notamment à la mise en place de l' échelle de Beaufort et s'engagea dans la prédiction de tempêtes en mer . Durant les dernières années de sa vie, la prédiction météorologique maritime devint un enjeu crucial pour cet humaniste. En 1854, sur les recommandation du Président de la Royal Society , FitzRoy fut nommé à la tête d'un nouveau département chargé de recueillir des données météorologiques maritimes. Son titre était celui de statisticien météorologique, et il disposait d'une équipe de trois scientifiques.  C'était le précurseur de l'office britannique actuelle de météorologie. Il fit en sorte que les capitaines de navires fournissent des informations, des instruments scientifiques leur étant prêtés à cet effet, afin d'exploiter statistiquement les données recueillies. Toujours féru d'instruments météorologiques, FitzRoy

Robert FitzRoy : du Beagle à la Nouvelle-Zélande

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Les deux décennies qui suivirent la circumnavigation du HMS Beagle marquèrent d'importants chapitres de la vie de Robert FitzRoy. Capitaine, géographe, Député puis Gouverneur, l'homme poursuit une carrière durant laquelle il s'illustre par son humanisme. Mais ces décennies marquent également un tournant orthodoxe dans sa foi chrétienne. De retour de la seconde expédition du HMS Beagle , Robert FitzRoy épousa Mary Henrietta O'Brien, avec laquelle il était engagé depuis plusieurs années. Une surprise de taille pour Darwin, car FitzRoy n'avait jamais évoqué ses fiançailles pendant les 5 années de voyage ! Cette union serait, selon Richard Darwin Keynes, à l'origine du radicalisme religieux qui l'anima pour le restant de sa vie. Mais pouvons-nous vraiment l'affirmer ? La radicalisation religieuse de FitzRoy fut certainement bien plus progressive que cela. Il est vrai que Robert, de son propre aveu, eut tendance à remettre en question le récit biblique du D

Le baromètre de FitzRoy

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Le Capitaine FitzRoy était un marin expérimenté et un scientifique accompli. Durant la seconde expédition du HMS Beagle , il ne se contenta pas de cartographier les côtes sud-américaines. Il contribua aussi et de manière efficace à une meilleure interprétation des conditions météorologiques en mer. De retour en Angleterre, ce météorologue accompli, fut l'investigateur des bulletins météorologiques et le père de la météo marine britannique. Il fut le premier marin à tester l'échelle de Beaufort, et fit tout au long de sa vie la promotion d'un instrument capable, selon lui, de prédire les tempêtes. Braver le mauvais temps à bord d'un brick-sloop du XIXème siècle tel que le Beagle n 'était pas une mince affaire. Et si le navire parvint à boucler un tour du Monde quasiment sans encombres, il le doit autant aux talents de navigation de son Capitaine qu'à sa science météorologique capable d'anticiper plus d'un coup de vent ! Mais sans bulletin météorologique

Comment laisser son nom dans l'histoire des sciences sans sortir de chez soi : le cas Darwin

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Conférence au Collège des humanités de l’EPFL diffusée le 9 octobre 2024 donnée par Adrien Miqueu, diplômé de l’EPFL en physique et doctorant en histoire des sciences et des religions à l’UNIL et Camille Van Belle, journaliste scientifique et dessinatrice. Les auteurs de la bande-dessinée « Dans les pantoufles de Darwin » reviennent sur le personnage de Darwin, son intimité, ses correspondances, et nous en livrent un portrait aussi vivant et attachant que réaliste ! A visionner en ligne :

Charles Darwin et le Capitaine FitzRoy : une cohabitation houleuse à bord du Beagle ?

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Le 27 décembre 1831, le HMS Beagle quitte Devonport pour un voyage autour du Monde qui devait durer cinq années. Son Capitaine, Robert FitzRoy, n'en est pas à sa première expédition, puisqu'il a déjà assuré le commandement du brick-sloop en Amérique du Sud. Mais pour ce nouveau voyage, l'Amirauté a concédé qu'un naturaliste soit embarqué à bord. L'heureux élu n'est autre que Charles Darwin, un jeune naturaliste diplômé de théologie de Cambridge, et quatre ans le cadet de FitzRoy. Leur rencontre, puis leur cohabitation à bord du navire, ne fut pas de tout repos ! Et met en lumière le caractère particulièrement ombrageux du jeune officier de la Royal Navy . Lorsqu'en 1830 l'idée d'une nouvelle expédition germe dans l'esprit de Robert FitzRoy, il s'agit de ramener en Terre de Feu les trois Fuegiens afin qu'ils fondent, sous la tutelle du missionnaire Matthews, une mission chrétienne sur ces terres hostiles. Il n'est alors nullement ques