[1835] Sur la route des Andes, à nouveau (2/3)

Poursuivons le récit de cette nouvelle expédition terrestre de Darwin. Le 1er mai 1835, les cavaliers traversent la vallée de Longotomo. Leur route les mène au Nord du Chili, et les rapproche à nouveau du littoral. Les arbres se raréfient au profit d'une couverture buissonnante apparentée aux yuccas. De Longotomo à Quilimar, la route longe la côte. Enfin le 3 mai de Quilimar à Conchalee, le pays devient de plus en plus dénudé, comme si la terre devenait désormais aride, presque désertique. Pas même une chèvre ne pourrait survivre dans ce décors désolé ! Et pourtant, la pluie est au rendez-vous. Rare et brutale, en torrents diluviens.

Chemin faisant, les cavaliers entendent parler du HMS Beagle. Cartographier les côtes semble suspect pour les habitants de ces régions désolées, qui sont convaincus que le brick-sloop est en réalité un navire contrebandier. Ils se plaignent également du caractère irascible du capitaine FitzRoy, qui ne fait que renforcer leurs soupçons ! Darwin, en parfait gentleman, ne jette cependant pas la faute sur son capitaine mais sur les mauvaises manières des Chiliens, qui ne feraient « absolument pas de différence entre Lord Chesterfield et son valet de chambre » Charles Darwin, Journal de Bord.

Le 4 mai 1835, arrivée à Conchali près de la côte. Le Pays redevient intéressant pour notre jeune géologue, qui délaisse la bordure côtière pour rejoindre dans les terres la ville minière d'Illapel. Ce fut une longue journée de voyage, éprouvante, qui le mena jusqu'à une bourgade à l'architecture charmante. Sa prospérité repose sur ses mines, notamment celles de cuivre. Puis le 5 mai, il poursuit jusqu'à Los Hornos, régions riche en minéraux et grouillant littéralement de mineurs. Pour l'époque, ces travailleurs gagnent selon Darwin une somme considérable, qui pourrait justifier les peines que leur métier inflige. Mais hélas, le peu d'attractivité culturelle de la ville les réduit à la boisson et au gaspillage. Ces mineurs sont aussi ivres que coquets, s'achetant alcool et vêtements en quelques jours, avant de retourner à la mine aussi misérables qu'avant leur paye. Ce qui rend le contraste assez irréaliste : ces mineurs, élégamment vêtus, retournent dans leurs galeries tels des costumiers traditionnels se rendant à quelque réunion vestimentaire secrète.

 Les 7 et 8 mai 1835, Darwin s'attaque plus en détails à la géologie de la région. Puis il fait route jusqu'à Combarbalà, au pied de la Cordillère. Les 9 et 10 mai, les cavaliers traversent le Mineral de Punitague, riche en cuivre et en or. Darwin note aussi des mines de mercure, qui ne sont pas exploitées. Tard dans la soirée, le petit groupe atteint Ovalle, petite bourgade sur le Rio Limari. Le 11 mai après avoir franchi le fleuve, les voilà aux mines de Panucillo, dont le propriétaire, M. Caldcleugh de Santiago, les accueille en personne. Darwin reste une journée entière sur site, nous aurons occasion d'y revenir dans un billet détaillé.


Gravure d'une mine industrielle chilienne, fin XIXème


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