[1835] Radouber le HMS Beagle
Le 13 mai 1835, lorsque Darwin retrouve le HMS Beagle à Coquimbo, le navire est en pleine rénovation. On radoube de fond en comble sa coque en prévision de la traversée du Pacifique, écrit-il dans son Journal de Bord. L'examen des Narratives du Capitaine FitzRoy nous confirme les faits :
« Après avoir rapidement reconnu la côte jusqu'à Coquimbo, nous sommes arrivés à la crique d'Herradura et avons solidement amarré le navire. J'avais l'intention d'y effectuer un carénage complet et de préparer le Beagle pour recevoir un important ravitaillement à Valparaiso, ce qui lui permettrait de longer la côte jusqu'aux Galápagos, puis de traverser le Pacifique jusqu'à Sydney, en Australie. À Herradura, il est resté tranquillement à terre jusqu'au 6 juin ; tout son équipage a campé à terre près du navire, le temps qu'il soit entièrement vidé, réarrimé et repeint » Robert FitzRoy, Narratives (1839).
Le radoub est une opération nécessaire pour un navire à bois, auxquels les marins se doivent de se soumettre régulièrement s'ils ne veulent pas connaître d'avaries sévères en mer. L'opération s'effectue en cale sèche, ou sinon en échouant délicatement le navire. Deux grandes catégories de réparations se distinguent dans les chantiers maritimes : le carénage et le "grand radoub". Le premier s'effectue au bout de quelques années de navigation ou pour préparer le vaisseau à une traversée importante. Le second consiste à littéralement renouveler des parties entières de la coque, voire de la repenser et la renforcer selon les plans d'un architecte marin.
Si Darwin se contente de parler de radoub sans plus de commentaires, le Capitaine FitzRoy nous apprend qu'il s'agit bien d'une opération de carénage. Le "grand radoub" du HMS Beagle a déjà eu lieu durant l'été 1831, alors que le brick-sloop était entièrement repensé en vue de sa seconde expédition. Les marins du HMS Beagle peuvent sans problèmes se charger de ce radoub. L'opération la plus commune consiste au calfatage de la structure du bâtiment. Il s'agit de combler les espaces entre les planches de bois de la coque et des ponts, afin de bien évidemment renforcer l'étanchéité du navire, mais également éviter les cisaillements directs entre pièces de bois.
Traditionnellement, le calfatage se fait à l'aide d'étoupe de fibres végétales, que le calfat insère de force à l'aide d'un ciseau et d'un maillet. Le chanvre ou le lin utilisés sont enduits de goudron ou de brai bitumeux, parfois même de mastic. On double la coque à l'aide de plaques de cuivre si nécessaire, ancienne technique d'antifouling. Cependant, le HMS Beagle a déjà été renforcé de cuivre en 1831, mis à part quelques opérations d'entretien il ne fut pas rééquipé de la sorte. Le travail est pénible, surtout lorsqu'il est réalisé au cours d'une expédition et non dans un bassin de cale sèche (ou forme de radoub) mais indispensable pour la robustesse du navire. Or pour traverser l'océan Pacifique, un bon capitaine se doit de préparer son navire !
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