[1833] Un mois de juin à Maldonado

Ce mois de juin 1833 fut relativement calme pour Darwin. « Je suis devenu un véritable terrien » note-t-il dans son Journal de Bord. En effet, durant ces semaines passées à terre, il ne s'occupe que de ses collections naturalistes tandis que le HMS Beagle et sa flottille d'exploration vaquent à leurs occupations cartographiques.

Comme vous vous en doutez, cette oisiveté signifie surtout une effervescence zoologique pour notre jeune homme ! Et les entrées de son journal ne manquent pas de le souligner : « comme d'habitude tranquillement occupé à collecter, le lendemain à arranger » Charles Darwin, Journal de Bord. Oiseaux, insectes et reptiles sont son principal butin. Et le jeune homme se montre très satisfait de son travail : « ma collection d'oiseaux et de quadrupèdes de l'endroit où nous sommes tend vers la perfection » Charles Darwin, op. cit. Il n'hésite pas à embaucher, moyennant quelques pièces, les jeunes garçons de la ville qui ratissent littéralement Maldonado et ses alentours afin de lui dégotter de nouveaux spécimens !

Fin juin, le travail s'intensifie alors que le jour du prochain embarquement à bord du HMS Beagle se rapproche. « J'ai pour seul objectif de compléter ma collection d'oiseaux et d'animaux ; un jour je chasse et je relève mes pièges, le lendemain je naturalise les oiseaux que je prends. C'est là ma routine habituelle » Charles Darwin, op. cit. Le samedi 22 juin 1833, il s'aventure à quelques lieues de Maldonado et parvient à tirer trois cerfs mâles avec succès. Il s'agit de spécimens de Cervus campestris, renommé depuis Ozotoceros bezoarticus. Nous avions d'ailleurs eu l'occasion de rédiger un billet au sujet des trophées de chasse de Cervidés de Darwin en Amérique du Sud.

Le 29 juin 1833, Darwin rembarque ses spécimens à bord du HMS Beagle et se prépare pour le prochain départ. Il profite des prochains jours pour classer ses papiers et rédiger ses notes au sujet de ses trésors collectés. Nous apprenons ainsi dans ses Notes Zoologiques que Darwin espère pouvoir comparer ses collections avec celles du paléontologue français Alcide d'Orbigny. Darwin était d'ailleurs au fait que le savant avait réalisé quelques mois plus tôt une expédition française en Amérique du Sud. Comme il en témoigne dans une lettre adressée le 24 novembre 1832 au Pr. Henslow, il craint d'ailleurs que d'Orbigny n'ait déjà récolté sur place les spécimens les plus intéressants. Un premier rapport des découvertes d'Orbigny lui fut posté en 1835, aussi était-il bien informé des principaux résultats de l'expédition de son rival français !

Alors qu'il apprend que le Capitaine FitzRoy compte doubler le Cap Horn l'été austral prochain, les ouvriers s’affairent toujours sur la Goélette Unicorn. Mais les travaux vont bientôt s'achever. Les aventures de La Paz et La Liebre touchent également à leur fin, la petite flottille d'exploration de FitzRoy va connaître de nouveaux changements. La suite des aventures ne saurait attendre plus longtemps !


Visuel de l'exposition itinérante (2022) sur Darwin en Uruguay - Museo Nacional de Antropología (Montevideo).


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