[1834] Échauffourées avec les Fuégiens à Port-Famine

Du 2 au 8 juin 1834, le HMS Beagle et l'Adventure mouillent à Port-Famine. Poursuivant leurs travaux de cartographie, les deux équipages œuvrent avec des conditions météorologiques déplorables. Heureusement pour leur moral, deux journées lumineuses leur offrent une vue magnifique sur les majestueux sommets de la Terre de Feu, et notamment le fameux Mont Sarmiento.

Mais par deux fois, les Fuégiens manifestent également leur hostilité. Comme du matériel et des vêtements ont dû être déposés à terre pour faciliter le travail des équipes, le Capitaine FitzRoy estime qu'il faut défendre ces biens de tout pillage. L'expérience malheureuse de l'établissement d'une Mission en Terre de Feu quelques mois auparavant est encore bien présente dans son esprit. Aussi ordonne-t-il de tirer au canon pour les effrayer alors qu'ils apparaissent au loin. Lorsque le boulet éclabousse l'eau, les Fuégiens répondent avec rage en lançant des pierres à leur tour en direction du navire. Ce qui ne manque pas de provoquer l'hilarité de l'équipage.

Mais ce spectaculaire coup de semonce ne suffit pas à les effaroucher, et le Capitaine ordonne qu'un canot soit mis à l'eau avec ordre de tirer des balles de mousquet. Si les tirs évitent précautionneusement les Fuégiens, ils entendent les décharges de fusils et y répondent avec hargne, tirant des flèches en direction du canot. Aucune ne parvient à faire mouche, et les balles de mousquet se contentent de briser quelques branches. Lorsque le canot fait mine de prendre en chasse leurs pirogues et leurs femmes, les Fuégiens détalent sans demander leurs restes.

Le message passé ne fut certainement pas le bon, puisque le lendemain, un autre groupe apparaît dans la baie. Repoussés par des tirs de fusées, ils se regroupent dans une crique et dressent une barricade de troncs pourris. Puis, ils ramassent le plus grand nombre de pierres possibles comme munitions pour leurs frondes. De toutes évidences, les Fuégiens interprètent la présence du HMS Beagle comme un acte de guerre ouverte. Et si l'équipage s'amusa grandement de les effrayer de leurs tirs de mousquets et de canons, nous ne pouvons que regretter la tournure de cet ultime contact de l'expédition entre les marins du Beagle et les Fuégiens...


Le HMS Beagle salué par des Fuégiens - peinture de Conrad Martens.


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