Darwin était-il un autiste Asperger de haut niveau intellectuel ?

Le travail obstiné de Charles Darwin (1809-1882) pour les sciences naturelles lui valut d'y consacrer sa vie entière. Mais ce dévouement total cache-t-il une forme d'autisme haut potentiel ? En 2007, le psychologue irlandais Michael Fitzgerald co-publiait l'ouvrage « Genius Genes: How Asperger Talents Changed the World » dans lequel il reliait trouble du spectre autistique et génie créatif d'illustres personnalités. Pour poser un « diagnostic post-mortem »s sur Darwin (chap. 6), Fitzgerald s'appuyait sur divers exemples biographiques compatibles avec la définition du syndrome d'Asperger selon le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Diseases (DSM-IV, 1994). Reprenons ces témoignages, la plupart tirés de l'Autobiographie de Darwin (1887), et comparons-les aux critères diagnostics de la version plus récente du DSM-5 (2013).

L'enfance de Darwin nous est plutôt bien connue, puisque l'intéressé lui-même en livra un récit assez détaillé à l'attention de ses descendants. Les récits d'enfance étant utiles au diagnostic tardif d'autisme chez l'adulte, penchons-nous sur ces éléments. Enfant, le jeune Charles avait relativement peu d'amitiés. Ses camarades de classe ne le comprenaient pas vraiment, ou abusaient de sa naïveté. Ils l'affublaient de sobriquets. Darwin n'aimait guère le milieu scolaire. Certaines manières lui étaient insupportables, peut-être en raison d'enseignements inadaptés à sa neuroatypie. La rigidité de l'apprentissage de l'époque ne lui convienait pas, il fuguait de l'école de Shrewsbury où il était interne dès qu'il en a l'occasion. Déambulant dans la campagne, il préférait galoper à cheval et la compagnie de son chien. Souvent, il passait la soirée dans sa chambre, au domicile paternel de Shrewsbury, et revenait dans son établissement au pas de course avant la fermeture des portes. De toutes évidences, Darwin était un petit garçon solitaire, qui souffrait de phobie scolaire et ne tolérait que son propre environnement familial. Le décès précoce de sa mère pourrait en partie expliquer son comportement. Mais les amitiés enfantines ne l'intéressaient guère, et il n'en conserva que très peu par la suite. Ces éléments font écho aux critères A (socialisation, interaction et communication) et leur précocité remplit le Critère C (âge d'apparition précoce) du DSM-5 (2013). La phobie scolaire dont souffrait Darwin nécessiterait plus d'approfondissements, mais il est probable que les critères D (altération du fonctionnement, notamment en milieu scolaire) du DSM-5 (2013) s'y retrouvent aussi.

Darwin avait bien entendu des centres d'intérêt spécifiques qui envahissaient facilement ses pensées. A l'âge de 10 ans, Darwin était un jeune garçon totalement absorbé par l'observation de la nature et la chasse. L'été, il passait la plupart de ses matinées à observer les oiseaux et à chercher des insectes. Il devisait sur les méthodes de classification des spécimens qu'il capturait, s'interrogeait même sur l'éthique de cette passion : « J’ai failli me décider à commencer à collectionner tous les insectes que je pourrais trouver morts, car en consultant ma sœur, j’en ai conclu qu’il n’était pas juste de tuer des insectes pour faire une collection » Charles Darwin, Autobiographie. Avec son frère aîné, il collectionnait les minéraux. Sa chambre était un petit cabinet de curiosités ! Son grand frère, étudiant de médecine, partageait avec lui une passion pour la minéralogie et la chimie. Ils dépensaieent leur argent de poche en matériel et produits chimiques. De part sa correspondance, nous savons qu'à l'âge de 13 ans, le jeune Charles était initié à diverses instrumentations scientifiques par son aîné.

Cette passion dévorante pour les sciences naturelles n'eut de cesse de le poursuivre durant son adolescence. Alors qu'il se plia à l'injonction paternelle d'entamer des études médicales à Edimbourg, l'adolescent Darwin âgé de 16 ans se désintéressa rapidement de ses études. Il rejoignit la Société plinienne (groupe d'étudiants naturalistes de l'université d’Édimbourg). Il devint un élève de Robert Edmond Grant, et se passionna pour la zoologie marine. Il publia d'ailleurs son premier article scientifique suite aux travaux qu'il réalisa aux côtés de ce zoologiste lamarckiste. Le Dr. Robert Darwin n'appréciant guère de voir son fils cadet délaisser ses études, il l'inscrivit au Christ's College de Cambridge pour obtenir un Bachelor of Arts en théologie. Le père souhaita faire de son fils cadet un pasteur anglican, et lui assurer ainsi une confortable situation. Le jeune Charles s'il plia, espérant devenir pasteur-naturaliste et poursuivre sur son temps libre sa passion pour l'histoire naturelle. A Cambridge, ses camarades remarquèrent rapidement son attraît dévorante pour la collection de Coléoptères, il est même caricaturé chevauchant un de ses insectes préférés ! Il devint également un des élèves du Pr. Henslow, dont les cours de botanique et d'entomologie le ravirent. Le Pr. Henslow devint par la suite son mentor.

Les passions de Darwin peuvent devenir particulièrement obsédantes. C'est notamment le cas de la chasse, activité dévorante durant ses études à Cambridge. « Mes vacances d’été étaient consacrées à la cueillette de coléoptères, à quelques lectures et à de petites visites. À l’automne, tout mon temps était consacré à la chasse » ; « A cette époque je me croyais fou de renoncer aux premiers jours de la chasse aux perdrix pour la géologie ou toute autre science » ; « J’ai tenu un registre exact de chaque oiseau que j’ai abattu tout au long de la saison » Charles Darwin, Autobiographie. Darwin avait d’ailleurs à cœur de choisir ses armes avec soins, notamment selon des critères de fiabilité autant que de performances sportives. Il cherchait aussi à maîtriser la balistique, lisant des ouvrages spécialisés, et s’entraînait même au tir dans sa chambre d’étudiant ! Il faut, pour Darwin, qu'une passion se justifie par une émulation intellectuelle. Et la chasse n'échappe pas à cette règle : « Comme j’aimais tirer, mais je pense que je devais avoir honte à moitié consciemment de mon zèle, j’essayais de me persuader que le tir était presque un travail intellectuel ; il fallait tant d’habileté pour juger où trouver le plus de gibier et bien chasser avec les chiens » Charles Darwin, Autobiographie.

Pour autant, cette passion cynégétique s'estompa dès lors que son intérêt pour la géologie prit largement le dessus. La bascule entre les deux centres d'intérêt eut lieu au cours de son voyage autour du Monde : « En regardant en arrière, je peux maintenant percevoir comment mon amour pour la science a progressivement prévalu sur tout autre goût. Au cours des deux premières années [du voyage], ma vieille passion pour le tir a survécu presque pleinement, et j’ai abattu moi-même tous les oiseaux et animaux de ma collection ; mais peu à peu j’abandonnai de plus en plus mon fusil, […] car le tir interférait avec mon travail, plus particulièrement avec la compréhension de la structure géologique d’un pays. J’ai découvert, bien qu’inconsciemment et insensiblement, que le plaisir d’observer et de raisonner était bien supérieur à celui de l’habileté et du sport » Charles Darwin, Autobiographie.

Les centres d'intérêt dominaient largement le quotidien de Charles Darwin, et ceci dès son enfance. S'ils purent changer (abandon de la chasse au profit de la géologie), ils demeurèrent focalisés de manière générale autour des sciences naturelles et des activités en pleine nature. Les relations qu'entretient Darwin avec son entourage constituent un facteur influençant fortement les engouements du jeune Darwin. Durant ses années étudiantes, la recherche de compagnons de son âge nourrit sa passion pour la chasse. Cette compagnie le pousse parfois à l'excès : « Nous avions l’habitude de dîner souvent ensemble le soir, bien que ces dîners incluaient souvent des hommes d’un niveau supérieur, et nous buvions parfois trop, avec ensuite des chants joyeux et des jeux de cartes. Je sais que je devrais avoir honte des journées et des soirées ainsi passées, mais comme certains de mes amis étaient très agréables et que nous étions tous de très bonne humeur, je ne peux m’empêcher de repenser à ces moments avec beaucoup de plaisir » Charles Darwin, Autobiographie. A l'inverse, une mauvaise expérience peut générer un profond dégoût du jeune Darwin pour une discipline scientifique. C'est le cas de la géologie, sa « bête noire » suite aux cours du Pr. Jameson à Édimbourg. Darwin s'y ennuya profondément, au point de détester la discipline. Jusqu'à ce que son mentor, le Pr. Henslow, lui conseilla d'étudier la géologie avec plus de motivation, fin 1830. Ce qu'il fut avec énormément de motivation. Adolescent puis jeune homme, Darwin cherchait l'approbation sociale de ceux qu'il apprécie ou admire. Il peut s'avérer peiné qu'un proche réfute ses intuitions scientifiques. Ou bien une mauvaise impression ou expérience malheureuse peut induire dans son esprit un profond dégoût pour une discipline (médecine, rejet pendant quelques mois de la géologie). Enfin, ses centres d'intérêt nécessitant un dévouement quasi-absolu de sa personne, il en réduisit la liste en conséquence (abandon de la chasse au profit de son renouveau d'intérêt pour la géologie).

Ce dévouement intense pour chaque discipline marque même des tournants majeurs dans sa vie scientifique. Les biographes de Darwin ont coutume de désigner trois périodes « majeures » : Darwin géologique, Darwin zoologiste, et enfin Darwin botaniste. Notons cependant qu'avec l'âge, son cloisonnement intellectuel s'estompa, et Darwin devint beaucoup plus éclectique dans son approche des sciences naturelles. Ceci est probablement lié aux fils conducteurs qui l'animent à partir de la trentaine, comme sa théorie de l'évolution par sélection naturelle, et qui nécessitent de conserver un état d'esprit scientifique le plus ouvert possible. Enfin, les centres d'intérêt de Darwin prédominent largement sur ses interactions sociales. Il n'aimait guère les mondanités et préféra consacrer son temps à ses recherches. Sa vie amoureuse fut également grandement affectée par ses obsessions naturalistes. Son premier « flirt » passe en second lorsque se présente un Insecte. Son épouse Emma Darwin (mariage en 1839) dut également composer en fonction ; elle fut néanmoins d'un grand soutien pour Charles au cours de son travail scientifique.


Nous disposons donc d'énormément de preuves biographiques illustrant l'obsession de Darwin pour ses centres d'intérêt spécifiques. Ces informations renseignent sans équivoque les critères A (socialisation, interaction et communication) et les critères B (fonctionnement sensoriel et intérêts) du DSM-5 (2013).


Durant son Voyage à bord du HMS Beagle, différents épisodes relatés dans son Journal de Bord confirment que Darwin demeurait un jeune homme investi en premier lieu dans ses centres d'intérêt. Il se montrait obstiné lorsqu'il découvre un site géologique ou capture des spécimens vivants à étudier, n'hésitant pas à s'enfermer des journées entières dans la cabine de la dunette pour les étudier, ou à camper sur place pour achever ses investigations, qu'importent les conditions météorologiques ! S'il entretenait quelques liens d'amitié avec certains officiers à bord du Beagle, ou encore avec son jeune assistant Syms Covington, Darwin, demeurait plutôt discret, simple et poli. Sa passion dévorante pour les sciences naturelles ne manquait pas d'intriguer l'équipage. Si les marins abusent un 1er avril de sa naïveté en lui faisant croire qu'un Orque suit le navire, il semble que ces derniers appréciaient ce curieux personnage et toléraient avec une certaine bienveillance ce qu'ils devaient prendre pour des excentricités. Darwin aimait la vie à bord, considérant le HMS Beagle comme un second « chez soi ». Cependant, le moindre changement à bord pouvait le perturber plusieurs jours durant. Que ce soit un changement sur la liste d'équipage ou des travaux d'entretien, ces changements mineurs pouvaient l’insupporter au point de s'en plaindre dans son Journal de Bord.

Ses témoignages d'interactions sociales dans son Journal de Bord démontrent des relations assez bonnes avec les autochtones rencontrés. Son caractère curieux aidait probablement à engager le dialogue, ses hôtes étant souvent ravis de lui faire découvrir leur pays. Seule exception, ses rapports parfois houleux avec le Capitaine FitzRoy. Darwin prit parti dès son Voyage en faveur de l'abolition de l'esclavage, il semble que le sujet provoqua une violente altercation entre les deux hommes. FitzRoy était d'un caractère difficile, parfois sombre et soufrant d'épisodes dépressifs. Darwin pouvait se montrer très obstiné dès lors qu'un sujet le passionnait. Son incapacité à remarquer les variations d'humeur de son interlocuteur entraînèrent de violentes altercations. Il ne s'agit nullement d'une absence d'empathie de la part de Darwin, rappelons que cette caractéristique est souvent attribuée à tort aux personnes autistes. Néanmoins, les altercations entre Darwin et FitzRoy démontrent que le jeune naturaliste avait une inaptitude à la théorie de l'esprit. C'est-à-dire une incapacité à décrypter les expressions émotionnels et états mentaux de ses interlocuteurs. Dans le cas de troubles du spectre autistique, une déficience de la théorie de l'esprit se retrouve en substance dans les critères A du DSM-5 (2013).

De retour en Angleterre, Darwin conserve certaines routines de vie adoptées durant son Voyage. Il tient à jour quotidiennement son Journal de Bord. Mais il organise aussi sa vie autour de routines auxquelles il peine à se soustraire. Il prend énormément de temps à consigner, ranger, ordonner ses notes comme ses spécimens. Son travail d'étude est d'autant plus long qu'il se montre perfectionniste. Sa production scientifique témoigne indéniablement d'un haut potentiel intellectuel. Cependant, Darwin présenta des difficultés sociales au cours de sa vie. Il ne défendit jamais sa théorie de l'évolution par la sélection naturelle en public, et fuyait les responsabilités au sein des sociétés savantes impliquant une vie publique ou mondaine (sa charge de secrétaire de la Société géologique de Londres demeure une exception de courte durée). Passé la trentaine, la vie londonienne lui est devenue difficilement supportable ; signe de fatigue sociale croissante (prémices d'un burn-out autistique ?). Dans sa demeure campagnarde de Down House, sa vie sociale est avant tout épistolaire, comme en témoigne l'imposante Correspondance (trente volumes publiés). Son cercle social demeure assez réduit, seuls quelques proches comme Hooker ou Lyell lui rendent fréquemment visite. Les critères E du DSM-5 (2013) précise que la communication sociale doit être inférieurs au niveau attendu pour le développement globale de la personne. Elle ne doit pas non plus s'expliquer par une déficience intellectuelle incapacitante. Les difficultés d'interaction sociale de Darwin semblent, a posteriori, rentrer dans le cadre de ces critères : peu de visites, une communication possible uniquement par l'intermédiaire de la correspondance écrite, etc.

Un autre exemple de difficultés de Darwin avec les normes sociales s'apparentant à des difficultés d'autre autistique nous vient de son mariage. Pressé par les considérations sociales de son époque, « il s'avère nécessaire de se marier » écrit-il, Darwin dresse dans son Journal une liste d'arguments favorables et défavorables au mariage. Darwin craint plus que tout de devoir abandonner ses intérêts spécifiques et travailler pour subvenir aux besoins de son ménage. Mais il redoute aussi des perturbations majeures dans ses routines quotidiennes et sa phobie sociale. « Mais alors, si je me mariais demain, il y aurait une infinité de peines et de dépenses pour obtenir et meubler une maison, des querelles pour ne pas avoir de Société, des visites matinales, de la maladresse, une perte de temps chaque jour […] Alors, comment gérerais-je toutes mes affaires si j'étais obligé de me promener tous les jours avec ma femme ? [...] Pauvre esclave. Tu seras pire qu'un nègre.» Notes de Darwin sur son Journal, Juillet 1838. Ses réticences n'empêchent pas moins Darwin de vouloir à tout prix s'épargner la solitude « Compagnon constant (et ami dans la vieillesse) qui s'intéressera à vous, objet d'être aimé et de jouer avec vous. — mieux qu'un chien de toute façon » Notes de Darwin sur son Journal, Juillet 1838. La douceur d'un foyer aimant l'attire, dès lors qu'une femme l'accompagnerait discrètement dans ses routines quotidiennes. Au final, ces dernières considérations l'emporteront. Cependant, choisir une épouse nécessite d'ouvrir son cercle social. Aussi le choix de sa cousine Emma Wedgwood n'est pas si anodin. Il prend épouse dans son entourage proche, ce qui n'élargira pas sa vie familiale outre mesure. Son choix n'est donc pas uniquement sentimental, bien que l'on prétende que les deux jeunes gens étaient tombés amoureux l'un de l'autre, sans qu'ils n'osent se l'avouer. Darwin devait cependant trouver l'énergie de surmonter ses difficultés sociales avant toute déclaration sentimentale. Toujours est-il que le 11 novembre 1838, sa décision mûrement réfléchie, Charles demanda la main de sa cousine. Elle l'accepta, et les deux jeunes gens se marièrent le 29 janvier 1839. Le mariage de Darwin témoigne bien des difficultés autistiques du personnage. Il ne consent à se marier que par pression de la société, indépendamment de toute considération sentimentale, mais craint toutefois d'y sacrifier ses routines et intérêts spécifiques. Il redoute fortement que son ménage augmente ses interactions sociales, mais se refuse à une vie de célibataire endurci. Enfin il craint de devoir travailler pour assurer les revenus du foyer, se refuse à se laisser enfermer dans une situation incompatible avec ses routines et son monde de fonctionnement intellectuel (Notes de Darwin sur son Journal, avril 1838). Autant d'éléments rappelant les critères D du DSM-5 (2013). Soulignons aussi que par bien des égards, Emma Darwin joua le rôle épuisant d'aidante auprès de son époux. Sans elle, Charles n'aurait jamais pu se concentrer sur ses travaux scientifiques.

Les troubles du spectre autistique sont souvent associés avec diverses comorbidités. Darwin ne semblait pas avoir de déficience du langage (on lui attribue cependant une diction assez singulière) ou de maladresse motrice. Il est cependant sujet à la dépression et soufre fréquemment d'idées noires. Deux comorbidités psychiques souvent associées au TSA. Notons également que toute sa vie, Charles Darwin a souffert de symptômes invalidants. Il dut même abandonner le terrain à contre-cœur en raison de son état de santé. Plusieurs hypothèses médicales ont été formulées au sujet de la maladie de Darwin. Les lecteurs de ce blog connaissent mon intérêt pour l'hypothèse récente d'une maladie génétique mitochondriale, le syndrome MELAS. Cette hypothèse est d'autant plus intéressante qu'elle apporte une double réciprocité. Le trouble du spectre autistique peut s'accompagner de comorbidités d'ordre maladie génétique, tandis que le syndrome MELAS serait associé à certains troubles du spectre autistique. Notons également que Elizabeth Darwin, fille de Charles et Emma Darwin, aurait présenté des traits autistiques (White & Gribbin, 1995). Ces arguments supplémentaires peuvent donc entrer dans notre diagnostic post-mortem.


Le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Diseases DSM-5 (2013) pose cinq catégories de critères nécessaires au diagnostic d'un trouble du spectre autistique. D'après la biographie de Charles Darwin, nous disposons d'éléments pouvant leur correspondre. Selon ce constat, il est tout à fait probable que Darwin présentait un syndrome du trouble du spectre autistique, comme l'avançait Michael Fitzgerald (2007). Néanmoins, ne perdons pas de vue que cette conclusion est post-mortem, et que seule la consultation par l'intéressé d'un médecin psychiatre spécialisé dans les troubles neuro-développementaux serait diagnastique. Chose bien anachronique et irréalisable, convenons-en. Il n'en demeure pas moins que l'affirmation répandue d'assimiler Darwin à un TSA de haut niveau intellectuel est tout à fait plausible, comme le démontre ce billet.

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