[1833] Un débarquement contrarié jusque dans le Rio de la Plata

Le mauvais temps n'a de cesse de se jouer des projets de Darwin en ce mois d'avril 1833 ! Les vents, assez forts, empêchent de débarquer le naturaliste de débarquer au Rio Negro. Les nouvelles des petites Goélettes tardent à venir, et le capitaine FitzRoy sillonne la côte à leur rencontre, en vain. Lors des rares occasions de Darwin d'observer la géologie locale, il n'en reste pas moins frustré par la diversité de coquillages fossiles accumulés le long des côtes. Ce fut le cas de la courte expédition terrestre du 17 avril 1833, dans la baie de San Matias.

La navigation reste difficile, et le vent capricieux oblige le capitaine FitzRoy à détourner son cap de Maldonado vers Montevideo. Soit un décalage de 111 km en ligne droite vers l'Ouest. Sur cette nouvelle route maritime, les vents et les orages sont assez forts. Le soir à l'embouchure de la Plata, il y a beaucoup d’éclairs. Le feu de Saint-Elme fait à nouveau briller le sommet des mats (le cacatois, plus haute voile des mâts, selon les indications de Darwin).

L'arrivée du HMS Beagle à Montevideo ne perturba probablement pas le moral de l'équipage. Notamment parce qu'ils y trouvèrent à poste restante leur correspondance en retard ! Darwin reçoit diverses lettres datées du 12 sept., 14 oct., 12 nov. et 15 déc. La vie suit son cours en Amérique du Sud : « Pendant notre absence (voyage en Terre de Feu puis aux Malouines), à part quelques révolutions, le cours des choses a été assez calme » note-t-il dans son Journal de Bord avec un certain cynisme anglais. Darwin en profite pour rendre visite à Augustus Earle, l'artiste-peintre du HMS Beagle, qui avait du suspendre son voyage en août 1832 pour raisons de santé. S'il avait espoir de recouvrir la santé, c'est hélas peine perdue.

Après avoir débarqué les baleiniers français échoués des Malouines et reçu tous les paquets et lettres, le HMS Beagle fait voile vers Maldonado. Le brick-sloop est au mouillage un jour plus tard devant la ville, le 28 avril 1833. Darwin va y séjourner quelques temps, alors que le navire va poursuivre sa mission de cartographie en mer pendant une quinzaine de jours. Il reprendra la mer à bord du HMS Beagle le 8 juillet prochain. En attendant, il loge chez Doña Francisca. D'après Darwin, il s'agit alors d'une vieille dame bien connue dans la ville. Malheureusement, cette illustre personne demeure inconnue de nos jours !

Darwin met à profit ce séjour terrestre pour visiter les lieux. Le 30 avril, il parcourt quelques milles à cheval autour de Montevideo. Le paysage lui semble magnifique, avec ses fleurs, ses haies de cactus, ses pâturages et les chants des oiseaux sud-américains. Le temps variable perturbe cependant ces promenades à pied ou à cheval, comme les 5-8 mai 1833 durant lesquels les torrents de pluie et de violents orages inondent tout le pays. Les jours de mauvais temps, il s'intéresse à la ville elle-même. « La ville de Maldonado n'est en réalité qu'un petit village ; comme c'est partout le cas dans une ville espagnole, toutes les rues sont parallèles et se coupent à angle droit, et le centre est occupé par la Plaza avec son Eglise » Charles Darwin, Journal de Bord.

L'activité de la ville demeure assez calme. Mis à part quelques corps de métier indispensables, il s'agit surtout d'un village de propriétaires terriens et d'éleveurs de bétails ou de chevaux. Mais Darwin ne s'intéresse guère à la société locale. Il met à parti le mauvais temps pour améliorer son espagnol et préparer une expédition à cheval dans l'arrière-pays. C'est ce qui nous occupera les prochains jours !


Le HMS Beagle


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