[1834] Une promenade devant le Mont Sarmiento

Le 7 février 1834, Darwin part en compagnie de M. Rowlett et Martens pour une promenade sur le rivage, avec le Mont Sarmiento à l'horizon. Durant cette marche, aucun Fuégien ne se montre. Le secteur n'est cependant pas si hospitalier, et nos trois amis repèrent un wigwam assez récent avec des traces d'un cheval. Il semblerait que la région soit une zone de contact - et probablement de troc - entre Fuégiens et Tehuelches.

La montagne, d'abord confondue avec un volcan, fut baptisée Mont Sarmiento par Phillip Parker King, le commandant de la première expédition du HMS Beagle. Pour l'anecdote, cette montagne est mentionnée dans les et  romans de Jules Verne Vingt mille lieues sous les mers et Robur le Conquérant. Côté alpinisme, plusieurs tentatives infructueuses eurent lieu en 1898 et 1913. Le somment oriental ne fut atteint qu'en 1956 pour la première fois par les alpinistes italiens Clemente Gueret et Carlo Mauri. Quant à son somment occidental, il fut enfin gravi en 1986 par une expédition italienne menée par Ragni di Lecco.

Durant ces jours passés au mouillage, il semblerait que Darwin ait pu contempler diverses espèces de Procellariidés. Ces oiseaux pélagiques possèdent des narines tubulaires à la base du bec, qui sont reliées aux glandes à sel chargées de détoxifier leur sang. Ils nichent sur des pentes abruptes d'îles ou de falaises. En dehors de la période de reproduction, ils errent en mer à la recherche de cadavres et petites proies flottant à la surface.

D'après John Gould qui se chargea de l'ornithologie dans la Zoologie du voyage du HMS Beagle, les spécimens d'oiseaux que Darwin se procura notamment en Terre de Feu étaient des Puffins gris (Procellaria cinerea). Cette espèce, dont la taille et l'envergure approchent celles d'une Buse variable, est avant tout prédatrice. Il chasse des Céphalopodes, Crustacés pélagiques et petits Poissons à la surface des eaux froides de l'Hémisphère Sud. Mais il ne rechigne pas à suivre les bateaux de pêche pour se nourrir des déchets de poissons rejetés en mer. Enfin, cet oiseau forme des couples monogames fidèles parfois pour la vie entière. Un oiseau des plus romantiques alors que la Saint Valentin s'approche. 

A noter que dans la Zoologie du voyage du HMS Beagle, Darwin rapporte que ces Puffins gris ont les mêmes comportements dans les deux Hémisphères. Ce qui n'est pas possible vu la répartition actuelle de cette espèce ! Il est fort possible que Darwin confondit le Puffin gris avec d'autres espèces ressemblantes comme le Puffin fuligineux ou le Puffin majeur, qui pour leur part effectuent des migrations trans-équatoriales.


Le Mont Sarmiento, par Conrad Martens (février 1834)


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