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Affichage des articles du novembre, 2025

[1834] Darwin songe à abandonner

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En octobre 1834, de retour chez M. Corfield à Valparaiso après une excursion dans la Cordillère des Andes, Darwin se sent très affaibli et doit tenir le lit. Cette épreuve le mène jusque d'atroces tourments, et il s'en confie douloureusement à sa sœur Caroline. Pour notre jeune homme, l'origine de ces maux ne fait alors pas de doutes : « d e retour de mon excursion à la campagne, j'ai séjourné quelques jours dans des mines d'or et, là-bas, j'ai bu du chichi [chicha de uva] , un vin nouveau, très faible et acide, qui m'a presque empoisonné  » Correspondance de Charles Darwin à Caroline Darwin, 13 octobre 1834 . Certains auteurs attribuent cette crise subite à la maladie de Crohn , qu'il aurait alors contracté par toxi-infection alimentaire. S'il se veut rassurant sur l'amélioration de son état «  mais Bynoe [Assistant-chirurgien du HMS Beagle ], avec une bonne dose de calomel et du repos, m'a presque remis sur pied et je ne suis plus qu'u...

[1835] Rencontre avec une Reine

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Le 24 novembre 1835, le Capitaine FitzRoy accompagné de Charles Darwin sont reçus par la Reine Pōmare IV. La jeune souveraine se trouve alors dans une situation fort inconfortable vis à vis des Britanniques, suite à l'affaire du voilier pillé . En dédommagement à cet acte de piraterie ''légal'' selon les Lois tribales, la Reine doit verser 2853 dollars à la Couronne britannique. Mais l'affaire traîne en longueur, et le délais de paiement fixé au 1er septembre 1835 est dépassé. Un émissaire de la Couronne britannique en la personne de Mr. Bicknell s'était déjà présenté devant la Reine pour recevoir ce dédommagement, cependant il n'avait reçu aucune réponse. La Reine plaide sa bonne foi, mais prétend ne pas avoir compris à quel représentant légal cette somme devait être versée. Le Capitaine FitzRoy, mandaté par le Commodore de Lima pour régler cette affaire, s'exécute non sans une certaine brutalité. S'il fait preuve de patiente et de diplomatie e...

[1835] Les Poissons de Tahiti

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La consultation des Zoology Notes et de la Zoologie du Voyage du HMS Beagle se montre particulièrement décevante en ce qui concerne les collections réalisées à Tahiti. Ne figurent que des Poissons, et encore en nombre assez restreint ! Nous pouvons comprendre aisément ce bilan au vu de la courte escale tahitienne, et l'absence d'exploration terrestre prolongée. En ce qui concerne ces Poissons, ils furent conservés puis confiés pour identification à Leonard Jenyns. Si bon nombre de ces spécimens permirent la toute première description de leur espèce, aucun d'entre-elles n'est endémique à Tahiti. Parmi ces espèces, il y a fort à parier que beaucoup furent en premier lieu pêchées pour améliorer l'ordinaire de l'équipage. Ce sont toutes des espèces communes de la zone indo-pacifique, pour lesquelles l'UICN ne signale aucune menace particulière. En définitive, la collection tahitienne de Darwin présentait surtout un intérêt géographique lointain pour les natur...

[1835] L'affaire du voilier pillé

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En 1833, un petit voilier britannique fut pillé par les autochtones des Îles Basses de Polynésie, alors sous l'autorité de la Reine tahitienne Pomare. L'affaire remonta jusqu'au gouvernement britannique ; considérant que les natifs avaient agi selon une loi tahitienne, la monarchie en place était responsable de ce pillage licite et devait en dédommager la couronne britannique. La somme convenue de 2853 dollars devait être payée le 1er septembre 1835. Cependant, les escales polynésiennes ne sont pas monnaie courante, et le Commodore de Lima profita de la présence du HMS Beagle dans les eaux Pacifiques pour ordonner au Capitaine FitzRoy de se renseigner sur le règlement de cette dette. Ce n'est pas la première fois que le HMS Beagle interfère dans la politique insulaire locale, nous l'avions déjà vu durant l'escale aux Malouines. L'épisode tahitien prend de l'importance lorsque sur place, FitzRoy apprit que la somme n'avait pas été versée. Darwin, q...

[1835] Darwin et les Tahitiennes, un combat féministe raté ?

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Le 22 novembre 1835, le HMS Beagle arrive à Papeete. La Reine Pomare IV y réside, ainsi que son conseiller, le missionnaire Pritchard. Ce personnage central des événements politiques à venir à Tahiti nous est décrit par Darwin comme un « homme sensé, agréable et bon ». Rappelons que sa décision hâtive d'expulser les prêtres catholiques français l'année suivante entraînera la perte de Tahiti pour l'Angleterre.  Signe d'un débat alors soutenu dans les salons britanniques, Darwin s'attarde assez longuement sur la bonne morale des filles des missionnaires qu'il y rencontre, avant de dresser un bilan élogieux de l'évangélisation des populations tahitiennes. Réfutant les accusations qu'il juge calomnieuses quant au travail des missionnaires sur place, il insiste pour les présenter comme les « sauveurs » d'une civilisation jusqu'alors sauvage, belliqueuse et sacrificielle. Autant d'arguments en faveur du mythe de ''l'homme blanc occiden...

[1835] Premiers pas aventureux à Tahiti

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Le 17 novembre 1835, Darwin débute son exploration naturaliste de Tahiti. Son attention se porte bien entendu sur l'origine volcanique de l'île, ainsi que sur sa luxuriante végétation. A la fin de cette première journée, il se délecte d'ananas, de bananes chaudes grillées et de lait de noix de coco. L'autochtone qui le régale ainsi semble disposé à l'aider dans ses vagabondages, aussi convint-il avec M. Wilson, le missionnaire local, qu'il lui servirait de guide au cours de son séjour. Notez qu'entre le précédent billet et celui-ci, il ne s'est déroulé qu'une seule nuit à Tahiti. Si Darwin « saute » le 16 novembre, c'est parce que le HMS Beagle , en provenance d'Amérique du Sud, a franchi la ligne symbolique du changement de date ! Notre jeune naturaliste met donc à jour son Journal de Bord . Au 18 novembre, troisième jour à Tahiti, Darwin se rend à terre au matin de bonne heure, bien résolu à poursuivre ses investigations naturalistes. Rar...

[1835] L'arrivée à Tahiti

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Le 15 novembre 1835, le HMS Beagle est en vue de Tahiti ! Le navire double la pointe Vénus, promontoire septentrional de l'île. La navigation du brick-sloop est impeccable, puisque quelques jours auparavant, il a franchi sans encombres le tant redouté archipel Dangereux (Tuamotu). Une petite victoire pour le Capitaine FitzRoy ! Tahiti, destination paradisiaque pour notre imaginaire collectif, l'est beaucoup moins pour Darwin. Il juge l'aspect de l'île peu engageant, et le sinistre destin du Capitaine Cook à Hawaï devait forcément s'imposer à son esprit dès lors que des pirogues entourèrent le Beagle au mouillage dans la baie de Matavai. Tahiti, gravure de Conrad Martins. In : Narratives , FitzRoy (1839). Lors du séjour du HMS Beagle à Tahiti, l'île était sous influence britannique. La Reine autochtone Pomare IV dirigeait l'île depuis 1827, mais son principal conseiller, le pasteur anglais Pritchard, Consul d'Angleterre, poursuivait l'influence br...

[1835] Le HMS Beagle arrive en Polynésie

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Le 9 novembre 1835, le fameux brick-sloop arrive en vue de l'atoll Pukapuka, qui appartient au groupe des îles du Désappointement, de l'archipel Tuamotu, en Polynésie française. «  La première île dont on puisse dire d'une manière véridique qu'elle appartient à la Polynésie  » note-t-il dans son Journal de Bord . Les conditions de navigation sont déplorables. C'est la saison des pluies, l'air chaud est saturé d'humidité, et une brume trompeuse tarde à se lever. Le travail de cartographie du Beagle s'annonce compliqué. Darwin non plus ne semble alors pas vraiment à jour de sa géographie du Pacifique, puisqu'il nomme cet atoll tout aussi bien île du Chien que île Incertaine, deux atolls bien distincts de Polynésie. Mais est-ce vraiment une confusion ? Peut-être pas, tout dépend des explorateurs auxquels nous nous référons ! Commençons par un peu d'histoire. Cet atoll, formé par l'excroissance corallienne d'un volcan sous-marin, est appar...

[1835] La Traversée du Pacifique

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Le 1er novembre 1835, Darwin note dans son Journal de Bord : «  Nous avançons maintenant à la vitesse régulière de 150 ou 160 milles (278 – 297 km) par jour. L'alizé souffle sans arrêt jour et nuit. Avec les bonnettes mises de chaque côté, nous traversons agréablement le bleu de l'océan. Nous avons maintenant quitté les sombres régions qui s'étendent loin de la côte de l'Amérique du Sud, et chaque jour le soleil éclatant brille dans le ciel sans nuages  ». Que de belles conditions pour traverser l'océan Pacifique ! Les bonnettes sont des voiles légères que l'on accroche aux extrémités des verges des voiliers pour augmenter la puissance de traction au vent. Cela signifie que le Capitaine FitzRoy ne s'attend à rien croiser d'autre que l'océan pendant ces prochains jours, et qu'il lui tarde d'atteindre au plus vite les îles Polynésiennes. Ce sera chose faite d'ici huit jours en mer. Durant ce périple en Pacifique Sud, Darwin s'applique ...