[1834] Au mouillage à Valparaiso

Le 23 juillet 1834, le HMS Beagle est au mouillage à Valparaiso. Après des semaines de séjour en Patagonie, le climat méditerranéen en ensoleillé de la région leur semble particulièrement délicieux ! Depuis le mouillage, Darwin admire la ville. Construite au pied d'une chaîne de collines de 500 mètres de hauteur, elle est bordée de ravins rouge ocre et une vaste étendue d'herbe verte lui sert d'écrin. Les maisons basses blanchies à la chaux et aux toits de tuile ressortent vivement dans ce paysage campagnard. Au loin, surgissent les cimes enneigées des Andes et la silhouette du volcan de l'Aconcagua.


Valparaiso, par Conrad Martens (1834).


Aujourd'hui capitale régionale de plus de 2,3 millions d'habitants, Valparaiso est une mégalopole charge d'histoire. Appelée Valle paraíso en espagnol, aussi connue comme le Joyau du Pacifique ou encore la Petite San Francisco, son centre historique a été déclaré patrimoine culturel de l'humanité par l'Unesco en 2003. Et si en 1834 la ville n'a pas encore atteint son plein développement, son commerce y est toujours florissant depuis la seconde moitié du XVIIIème siècle. Durant les XIXème et XXème siècle, le port de Valparaiso sert d'étape migratoire européenne majeure. Et tant que le Canal de Panama ne fut pas mis en service, l'activité économique portuaire ne cessa de se développer intensément.

Outre ce déclin maritime, Valparaiso connut un terrible tremblement de terre en 1906 (magnitude de 8,2 sur l'échelle de Richter) et un gigantesque incendie en 2014. Les tensions sociales et économiques demeurent également sensibles, la ville connut en 2019 une vague de manifestions contre la politique économique du président Piñera, lourdement réprimée par la police et l'armée.

Mais en 1834, nous sommes encore loin des développements urbains à venir. Le port demeure assez modeste ; les navires s'y entassent. La ville elle-même s'étire en longueur, comme va le découvrir Darwin les jours suivant en débarquant à terre. Les maisons s'empilent les unes contre les autres dans les petites vallées qui débouchent sur la côte portuaire. Comme toujours, Darwin ne manque pas d'y rencontrer la diaspora britannique locale. Notre jeune naturaliste est enchanté par le niveau culturel de ses compatriotes, dont les conversations ne se limitent pas qu'aux échanges marchands dont ils tirent leur fortune. Il est d'ailleurs agréablement surpris de discuter avec ses compatriotes locaux des Principes de Géologie de Lyell, ouvrage en trois volumes alors très récemment paru en Angleterre ! « En outre tous semblent enclins à se montrer très amicaux envers nous, et tout l'équipage s'attend à passer très agréablement les deux mois qui viennent » Charles Darwin, Journal de Bord.

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